samedi 5 décembre 2009, par
Metamorphose
Ce qu’on avait retenu d’Apse, c’était un album un peu inégal (Spirit) mais offrant de très bons moments de transe et deux concerts dont un (au Pukkelpop) était bien saignant. On les retrouve maintenant hors de leurs travées post-rock. Il parait d’ailleurs que ce n’est pas le premier revirement pour cette formation. Et, finalement, le segment est tellement bouché qu’on est content d’entendre autre chose que ce qu’on avait prévu, avec des réussites dans un genre qu’on n’attendait pas d’eux. Ou, plus précisément, dans un genre qu’on ne leur connaissait pas.
L’avis qu’on avait sur le chant, c’est « mais pourquoi il fait ca ? ». Parce que la voix noyée d’effets ne semblait pas indispensable à l’ambiance de l’album. ou des concerts. Mais elle tient une place prépondérante ici. Alors que dans les musiques principalement instrumentales la voix est juste un instrument comme un autre (avec de bons résultats comme Do Make Say Think), un changement de visée comme ici impose de totalement repenser la composition des morceaux. Ils l’ont bien compris
Ce qui donne ce curieux mélange d’accords mineurs et de batterie déliée (The Age, le très bon 3.1.). On pense parfois a ce que ferait Archive s’ils n’essayaient pas désespérément d’être le Pink Floyd de 1976 (All Mine). Ils partagent en tous cas l’amour du slow qui tue, plus pompier et moins convaincant (Climbing Up) ou plus brouillardeux et plus réussi (Lie). La densification renvoie à ces relatifs vétérans plus qu’à leurs propres origines post-rock en tous cas. Rayon antécédents, on trouvera un son d’orgue très summer of love (Tropica). D’ailleurs, cet album transpire le psychédélisme (c’est le son d’A Saucerful Of Secrets). Plusieurs psychédélismes d’ailleurs. L’originel donc mais aussi son retour à la charnière des années ’80 et ’90, portes par une vague venue de Manchester, qui n’avait pas peur du groove (Stone Roses, Charlatans…). C’est ce qu’on retrouve sur 3.1. Et puis il y a ça et là des traces de Can.
Tout ceci est également moins sombre, plus positif, et leur science de la transe s’est diluée dans un son plus dense mais plus dépourvu des poussées de fièvre qui apportaient du relief a leurs précédents exploits. On leur trouve plus d’allant sur The Return avec des violons assez bien placés ou plus linéaires sur Rook (rien à voir avec le chef d’œuvre de Shearwater). Ce groupe a toujours su faire monter des ambiances, tribales ou planantes selon leur humeur, et on retrouve cette patte ici sur un Lie qui lorgne peut-être du côté de Radiohead. Ses plongées de guitares acides sont fort bien en tous cas.
C’est leur son qui fait la différence. Parce qu’ils ne viennent pas d’un rock rigide mais d’un véritable labo de textures et de poussées de transe (écoutez Spirit). Et on peut dire au final que leur évolution est réussie. Parce qu’en délaissant un créneau post-rock presqu’uniformément instrumental, ils ont su faire évoluer les structures des morceaux vers un songwriting plus ‘rock’ tout en gardant leur son.
La musique, ce n’est pas seulement ce qu’on entend, c’est aussi ce que l’on projette. Fort de cet adage un peu ampoulé, on peut admettre que de la musique instrumentale puisse avoir un contenu politique. Et les Canadiens de Godspeed You ! Black Emperor en connaissent un rayon en la matière. Leur huitième album n’est pas tellement un cri de révolte ou un appel à la paix inenvisageable à l’heure (…)
Ce qui est rare est précieux. Et dans un contexte musical où le post-rock se raréfie, les plaisirs que confèrent une formation comme Mono ne sont pas reproductibes par d’autres genres et deviennent d’autant plus précieux. Mais cette rareté ne confère pas pour autant le statut de chef-d’œuvre au moindre album du genre, loin s’en faut même.
Une fois ces généralisations balancées, penchons-nous (…)
Si on avait croisé le chemin de Vincent Dupas quand il officiait en tant que My Name Is Nobody, on était passés à côté de ce projet qu’il partage avec Jean Baptiste Geoffroy et Jérôme Vassereau (ils sont aussi tous membres de Pneu). Le troisième album en onze sera donc l’occasion de faire la découverte.
On sent dès le début de We Grew Apart que le morceau ne restera pas aussi désolé et de (…)
l y a plusieurs expressions qui attirent immédiatement notre attention. Et big band n’en fait pas vraiment partie. Mais il faut reconnaitre que les effectifs pléthoriques sont aussi une belle façon de susciter l’ampleur. C’est précisément ce qui rend Oootoko immédiatement sympathique.
Impossible donc de valablement tenter le jeu des étiquettes. Même le terme générique de ’musique (…)