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Agoria - Impermanence

jeudi 24 février 2011, par Laurent

La permanence dans le changement


Sacré Agoria. Capable de tracer des ponts imaginaires entre électro pointue et bidouillage bon enfant (“Blossom”). De convier sur un même album, il y a cinq ans, Princess Superstar et Peter Murphy (“The Green Armchair”). D’enrober un navet avec une bande originale anxiogène et des intentions ambiguës – relever le niveau ou tirer sur l’ambulance (Go Fast) ? Bref, un champion du contre-pied, un fervent pratiquant de l’inconstance. Sa philosophie manifeste, à ce stade d’une carrière discrète mais excitante, semble rejoindre la méditation bouddhiste autour du mouvement perpétuel : l’“Impermanence”.

Bien décidé à ne laisser personne décider pour lui, Sébastien Devaud retrouve ses chemins de traverse et laisse l’éclectisme guider son itinéraire. Son troisième album s’ouvre sur une somptueuse ballade où un piano et un violoncelle viennent jouer les tremplins pour la voix troublante de la chanteuse Kid A. On n’en sait pas beaucoup plus sur elle depuis l’an dernier et son apparition chez Dan Le Sac vs Scroobius Pip, mais on prend conscience de ce que son organe gentiment puissant peut apporter à un disque électronique, façon Sia pour Zero 7 ou Emiliana Torrini chez Gus Gus.

Pourtant, d’électro il n’est point question avec ce Kiss My Soul organique à souhait, curieux choix pour introduire l’Agoria nouveau, tandis que lui succède un Souless Dreamer plus familier, parangon de minimalisme hypnotique où le chant (?) désinvolte de Seth Troxler nous invite à la torpeur tout en soulignant son credo syncrétique : « Just be who you are ». C’est Panta Rei qui se chargera ensuite de réveiller l’auditeur en augmentant sensiblement les BPM pour évoquer les grandes heures du dernier Joakim. On note en effet régulièrement, sur “Impermanence”, un parti pris house plus prononcé que par le passé.

À ce titre, difficile d’aller plus loin dans la transe que sur Speechless, les neuf minutes de musique les plus salaces de ce début d’année 2011, l’équivalent d’un Barry White en rut – version sauna échangiste. La chaleur d’Ibiza ou celle de Rimini ne sont pas loin non plus, et Grande Torino tend à maintenir le mercure dans le rouge. L’air ambiant y est toutefois rafraîchi par d’élégants arrangements de cordes ; le récent travail d’Agoria sur une musique de film n’est sans doute pas étranger à cette luxuriance, qui inscrit désormais ses projets plus intimes dans une perspective relativement ambitieuse.

On ne parle pas forcément ici d’invités de marque, l’album étant comme toujours à franche dominance instrumentale. Il n’empêche que Little Shaman est le genre de track auquel on aurait bien imaginé Thom Yorke prêter sa voix. Mais c’est Kid A qui fait son retour sur le prenant Heart Beating – croisement réussi entre la Björk la plus cinégénique et les attaques à l’archet de Quitzow – tandis que les claviers engourdis de Libellules font plutôt penser à... Kid A, la chanson de qui vous savez. Même aussi tirée par les cheveux, la cohérence semble rester de mise. Avec, pour vraies constantes, la qualité soutenue d’un art maîtrisé et l’impermanence continue d’un artiste en mutation.


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3 Messages

  • Agoria - Impermanence 24 février 2011 12:14, par Benjamin F

    J’ai écrit dessus il y a genre six semaines et je n’ai toujours pas publié. Au final je n’en retiens pas grand chose avec le temps qui passe et je sens que ça va être la même chose pour toi :)

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    • Agoria - Impermanence 24 février 2011 13:57, par Laurent

      Probablement, jusqu’au prochain album que j’écouterai sans doute avec le même plaisir. Je crois que les disques d’Agoria sont taillés pour les écoutes sélectives et l’utilisation de la touche "Program".

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  • Agoria - Impermanence 16 mars 2011 15:35, par Paulo

    j’avais repéré Kid A lors d’une collaboration avec Daedelus, une grande voix pour les "featuring"

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