mercredi 11 mai 2011, par
Je ne me sens ordinairement pas de rédiger des reviews de concerts, mais vous comprendrez qu’un spectacle total comme celui que Sufjan Stevens a livré hier en prélude aux Nuits du Botanique avait toute sa place ici. Un moment unique, précieux, excessif comme la musique de cet artiste hors normes. Entorse aux habitudes pour un show inhabituel...
Le Cirque avait affiché complet en une journée. La venue du grand prophète cosmic-folk a rapidement suscité l’engouement d’un public bigarré : on entend des filles à l’accent français, des garçons qui parlent allemand ou italien, et un melting-pot équilibré pêché au nord comme au sud du pays. DM Stith entre en scène une demi-heure plus tôt que prévu, peinant à captiver un auditoire en plein arrivage massif. On sait pourtant qu’il défend, presque seul, un répertoire prodigieux. La foule n’en a cure et passe à côté d’un potentiel grand moment. Pas trop grave, dans la mesure où le multi-instrumentiste sera le pivot du line-up rassemblé par Sufjan Stevens.
Dix musiciens sur scène, dont deux choristes plus souvent sollicitées pour occuper l’espace grâce à leurs talents de danseuses, et une poignée de polyvalents s’échangeant régulièrement leurs instruments. Le barde du Michigan fait alors son entrée et déploie une immense paire d’ailes pour un Seven Swans anthologique. Frissons. De toute évidence, Sufjan et ses sbires ont l’intention de jouer ce soir la carte du grand spectacle. Une grand-messe kitsch orchestrée en tenues phosphorescentes, ambiance flashy comme dans le clip de Too Much qui sert de décor à une interprétation chorégraphiée du morceau.
Entre les titres, Stevens décortique largement la genèse de son dernier album, insistant sur la part d’improvisation qui a présidé à sa fabrication, l’inspiration déterminante du graphiste Royal Robertson et le rapport fondamental de ses chansons au corps et à la physique. Une exégèse un peu longuette mais qui convainc pourtant de se laisser porter, et de danser comme un dératé sur l’incroyable I Walked. La setlist est parfaite et, pour calmer le jeu, Stevens y insère quelques moments d’apaisement folk, instants de communion et de rapprochement tirés pour la plupart du “All Delighted People EP”.
Joué seul au piano, The Owl and the Tanager suspend le temps. Les larmes coulent à gros bouillons, et une heure de concert s’est écoulée sans la moindre faille. Les titres de “The Age of Adz” s’enchaînent pour en faire redécouvrir l’infinie profondeur, et l’artiste n’hésite pas à faire de l’épique Impossible Soul, morceau de bravoure d’une demi-heure, le point culminant de la soirée. Déguisé en cosmonaute de fantasy, boule à facettes sur le torse, Sufjan noie son organe cristallin dans l’autotune avant de renaître en phénix pour un finale déjanté : le Cirque devient un barnum, un carnaval à la Flaming Lips avec lâcher de ballons, puis c’est la conclusion de superbe retour à la terre ferme.
Après un interminable rappel, Sufjan Stevens réapparaît débarrassé de tous ses oripeaux, et redevient le chanteur de folk baroque qui séduisait bien avant les délires apocalyptiques. Grâce à trois extraits bien choisis de “Come On Feel the Illinoise”, il achève de conquérir un public émerveillé. La fête se consume sur un splendide Chicago qui démontre avec brio combien Sufjan Stevens est capable de mettre des étoiles dans les yeux qu’il a auparavant fait pleurer. Les oreilles, surtout, lui seront éternellement reconnaissantes de ces 2h30 de magie et de folie, de démesure et de beauté.
Setlist
1. Seven Swans / 2. Too Much / 3. Age of Adz / 4. Heirloom / 5. I Walked / 6. The Owl & the Tanager / 7. Vesuvius / 8. Get Real Get Right / 9. Enchanting Ghost / 10. I Want to Be Well / 11. Futile Devices / 12. Impossible Soul / (Rappel) / 13. Concerning the UFO Sighting... / 14. Casimir Pulaski Day / 15. Chicago
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