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Tindersticks - The Something Rain

lundi 20 février 2012, par Marc

Le même en mieux


Tindersticks fait partie de cette minorité de groupes dont on n’attend aucune évolution, simplement une poignée d’albums dignes de notre souvenir énamouré. On sait depuis 15 ans et 9 albums studio que les deux premiers épiques albums appartiennent au passé, et on s’est très bien accommodé de leur évolution, amorcée avec Can Our Love. Ce rappel n’est pas anodin, puisqu’on retrouve sur leur dernière production la même soul blanche du meilleur effet. Parce que c’est aussi ça le plaisir de suivre un groupe depuis longtemps, on n’est pas à l’abri d’une bonne surprise.

Ce Something Rain commence plutôt étrangement par une longue plage parlée de plus de 9 minutes où le narrateur n’est pas Stuart Staples. L’histoire est un peu abstruse mais surtout, on entend une montée placide du meilleur aloi, bonne introduction à ce qui va suivre. Parce que la bonne surprise est là, et étrangement, c’est en laissant de côtés les sons plus chauds (on entendait des mariachis sur The Hungry Saw) qu’ils sortent leur album le plus emballant depuis des lustres. Ce qu’on entend sur cet album est donc plus tendu et froid, avec une basse plus présente (This Fire Of Autumn), un groove discret mais efficace (Frozen), du violon et des cuivres impeccables (Sleepin’ Shoes). Ou alors, c’est un riff de guitare qui prend le dessus sur Show Me Everything. Il puis il reste la voix de Stuart Staples et son inimitable vibrato de Droopy crépusculaire pour réchauffer l’atmosphère. On le voit, ils ont utilisé toute la panoplie avec une belle cohérence.

Cet album possède sa couleur et sa saveur propres. Ils semblent donc revenus à la soul blanche attachante qu’on avait déjà apprécié il y a 11 ans sur Can Our Love. C’est plus classieux, et plus convaincant que leurs derniers albums, même si la différence n’est finalement pas si gigantesque. La densité des structures est plus importante, les fins de morceaux sont toutes très intenses. Le résultat est plus soyeux, plus inspiré, plus classieux. Mieux quoi, sans qu’on arrive à mettre le doigt sur ce qui a vraiment changé. Certes, on ne ressent peut-être pas l’intérêt de traîner Inside sur 8 minutes, mais j’ai senti une vraie urgence, qui contrastait avec le très classieux mais soporifique album de Léonard Cohen sorti récemment et qui a souvent été cité en modèle.

Il m’a carrément fallu réécouter l’album précédent des Tindersticks pour me persuader du changement. Et il faut se rendre à l’évidence, ce The Something Rain, c’est un peu pareil, en plus resserré, en plus classieux, en plus solide, en plus intense. Bref, en mieux.

    Article Ecrit par Marc

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4 Messages

  • Tindersticks - The Something Rain 21 février 2012 13:31, par Christophe

    Un très grand album de ce grand groupe qu’est les TINDERSTICKS. Mieux que les précédents comme tu dis, et mieux que fabuleux ça donne quoi ... l’album de l’année déjà ?

    Voir en ligne : http://edgarsmiouzik.wordpress.com/

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  • Tindersticks - The Something Rain 23 février 2012 13:44, par Le Sto

    Probablement pas l’album de l’année mais un truc classe, vibrant, inimitable et envoûtant. Il m’a également fait penser à Can Our Love. Je partage particulièrement ta phrase :"les fins de morceaux sont toutes très intenses". Plus homogène que son prédécesseur.
    Je dirais pour ma part que le grand virage date de Simple Pleasure.
    Et alors qu’on apprend que Stuart a des problèmes de larynx et doit subir des examens, on ne peut que prier pour que ce Something Rain ne soit pas l’ultime pierre de cette oeuvre sans faute de goût.

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    • Tindersticks - The Something Rain 23 février 2012 14:01, par Marc

      On dirait que tout le monde est d’accord pour dire que cet album est bon et supérieur aux derniers (qui ne m’avaient pas laissé un souvenir impérissable). Partis comme ça, on ne peut que croiser les doigts pour que ça dure longtemps !

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      • Tindersticks - The Something Rain 11 mars 2012 15:06, par Frelon Vert

        Avant de voir le concert à Bruges le 6 mars, j’avais réécouté les 3 derniers albums. Ceux par qui le changement était arrivé. J’ai été surpris par le fait que "The Hungry saw" m’a un peu déçu même laissé complètement indifférent, par contre, "Falling down the Mountain" m’a très agréablement surpris. Je considère que parmi ces 3 albums c’est le plus inventif et le plus innovant. Tandis que le dernier, c’est vrai qu’il rappelle l’époque de "can our Love...". Que dire de plus, sinon c’est qu’en concert (c’était la 14ème fois que nous les voyions) ils restent excellents malgré comme l’a dit Staples sa voix qui ne le rend pas heureux en ce moment.

        Voir en ligne : The Something Rain

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