mercredi 25 septembre 2013, par
L’âge du son
Le fil conducteur de la discographie de 65 Days of Static est celui de l’incorporation progressive d’éléments électroniques à leur recette de base. Dans un premier temps, cet apport était un supplément, un support à une batterie tout-à-fait virtuose et soufflante de précision et de vitesse. Et puis le curseur a été poussé beaucoup plus loin avec We Were Exploding Anyway, à un tel point qu’ils ne pouvaient pas aller beaucoup plus loin. Ce disque n’est pourtant absolument pas un retour en arrière, parce qu’on n’a pas l’impression qu’on puisse mettre leurs deux derniers albums entre parenthèses. L’obtention de leur son actuel passe indéniablement par toutes ces phases.
Comme Mogwai, c’est leur science du son qui est mis au service de morceaux spectaculaires mais pas excitants. Le post-rock a ses poncifs. Les détourner pour en faire quelque chose de plus personnel, c’est bien, mais quand on ne trouve pas ce qu’on vient y chercher, on est forcément déçus. On pourrait étendre la remarque à Fuck Buttons, qui m’a aussi suscité plus d’admiration que d’excitation. Dans tous les cas, il manque la tuerie sans nom, et ces deux formations n’ont pas su rééditer le coup de Surf Solar ou Tiger Girl.
Le post-rock est aussi affaire de composition, de mélodies, de construction rythmique, de poussées d’adrénaline. Comme sur une montagne russe, on sait ce qui nous attend au tournant et cette anticipation participe de l’expérience. On ne demande donc pas de l’originalité à une formation de ce genre (sans quoi on se contenterait de trois disques et basta) mais de nous fournir des sensations. Pour continuer cette analogie trop rabâchée, on a l’impression sur ce genre d’albums que les rails sont droits, mais qu’on roule à toute vitesse. Différente sensation moins stimulante.
Le premier morceau est majestueux, mais comme le sont les morceaux de Mogwai qu’on les soupçonne d’avoir enregistré avec l’idée d’en faire un générique musclé. Mais la suite monte inexorablement, et et Prisms décolle après une longue mise en place. Et oui, on reste scotché à son siège. The Undertow présente aussi cette accélération dans la seconde partie des morceaux. Ça fonctionne à tous les coups, mais donne un aspect plus monotone. Evidemment, quand ils sortent tout l’arsenal, ça force le respect (Unmake the Wild Light), tout comme l’intensité des percussions de Blackspots.
Mogwai avait lancé la mode, Fuck Buttons avait embrayé (sans doute sans concertation) et voilà 65 Days Of Static qui suit à son tour le même chemin, celui de la puissance, de la différenciation par le son plutôt que par la variété des compositions. Comme les deux autres formations, le résultat est impeccable, puissant et différencié. Mais comme pour les deux autres également, on est plus admiratifs que touchés par ce déballage de compétence indéniable.
http://www.65daysofstatic.com/
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