vendredi 30 avril 2010, par
,Evolutions
Il est des groupes plus faciles à définir que d’autres. D’autant qu’une fois qu’on a placé 65 Days of Static dans le courant post rock, on n’a pas encore beaucoup avancé. On renverra donc aux deux précédentes chroniques ceux qui ne les connaissant pas encore. Les deux précédents albums studio ainsi que leurs prestations live (surtout) nous avaient conquis et ce nouvel album était attendu de pied ferme par vos deux serviteurs.
On ne vous cachera pas que le premier contact avec cet album désarçonne. On dirait qu’ils ont célébré à leur façon la signature des accords Start de non prolifération en infléchissant leur course aux armements. Le beat d’ouverture entièrement synthétique, nous rappelle bien entendu leur intérêt pour l’electro, mais c’est la déferlante de synthés lead qui s’en suit qui donne un coup aux certitudes. N’allez pas chercher chez eux une influence de la scène minimale, on se retrouve plutôt du gros son costaud, plus proche de Prodigy par exemple. Malgré les gros beats et les guitares, on n’est pas dans electro-indus pour autant parce que la noirceur et la lourdeur du son ne sont pas mises en avant.
Déboule alors une ligne de basse large comme une autoroute allemande qu’on ne leur avait pas encore connu. Ne nous reste plus comme bouée de sauvetage que les fills de guitare. On reprend alors son souffle et on commence à reconnaître la patte et à entrevoir l’évolution. Mais s’il fallait marquer une volonté d’évolution, c’est chose faite sur ce Mountainhead.
Ils ne se servent pas de rythmes synthétiques pour renforcer leur testostérone mais leur apport montre une bonne connaissance de la chose électronique. D’autant qu’en live, Rob Jones remet une bonne couche de véritables peaux sur ces quelques mesures samplées. Il y a néanmoins de beaux déboulés de batterie sur le brutal Weak4 qui doivent faire leur petit effet en direct. Ce morceau plus fidèle à leur ancienne façon est ainsi gorgé de tension. De toute façon, on imagine aisément que le public sera plutôt l’amateur de rock non réticent à l’énergie électronique plutôt que le puriste.
Loin des dentelles d’un When We Were Younger, Crash tactics et Dance Dance Dance attaquent leur sujet de manière frontale après une petite mise en bouche, laissant Distant and Mechanized Glow Of Eastern European Dance Parties quelques marches derrière dans la catégorie metal-drum&bass qui fait secouer la tête.
La voix sur Come To Me est celle de Robert Smith, ce qui nous rappelle qu’ils ont assuré les premières parties de Cure lors de leur tournée de 2008. Comme souvent dans ses collaborations, sa voix si expressive est un bel apport et son exploitation en boucle se révèle une bonne idée de base qui rebondit fort bien tout au long des circonvolutions du morceau et pas du tout un gadget.
Le long dernier morceau commence comme un Underworld ou The Field. Il prend son temps pour s’installer et c’est très bien ainsi. Evidemment, on ne manquera pas de rappeler l’énorme claque de Surf Solar de Fuck Buttons mais ce final est assez saisissant. Lors des premières écoutes on s’attend à entendre débouler des six cordes bien metal mais non, c’est une pure progression d’intensité tout en euphorie. Subtil subtil ce n’est certes pas évidemment, mais on vient chercher de l’énergie chez eux, pas une sombre mélancolie éthérée.
Comme souvent sur leurs albums, certaines longueurs sont un peu rédhibitoires. Debutante semble donc un peu inutile. De même, un Go Complex ne semble pas s’embarrasser de ce que son titre suggère et n’a que son énergie à proposer.
Vous avez compris, on sort trop souvent des canons du post-rock pour que c’en soit encore. La composante électronique, de plus en plus présente, est maintenant bien mieux intégrée, et leur force de frappe apparait comme plus cohérente. C’est le printemps et on assiste un changement de gamme assez jouissif. Ils ont fait un sacré bout de chemin en trois ans et on est toujours content de les suivre. On attend la suite...
L’avis de Benjamin sur la Playlist Society
Un avis rapide du Mmarsupilami
Ses photos du concert
Quelques photos de concert du 27/04/10 à Liège :
http://picasaweb.google.com/Fred.Destat/65DOS#5469384678973267794
Avis important pour les artistes : si vous comptez entamer un hiatus, arrangez-vous pour le faire après un bon album. C’est la bonne idée de la formation islandaise qui nous avait laissés en 2013 sur l’excellent Kveikur. Depuis, on savait le projet un cocon, notamment avec le départ de certains membres. Evidemment, on avait suivi les aventures solo du chanteur Jónsi Birgisson mais rien n’indiquait (...)
Même si c’est contre-intuitif parce que le post-rock est essentiellement instrumental, le style a souvent été engagé. Entre les revendications de Godpeed You ! Black Emperor et la protection de la Grande Barrière de Corail de Selfless Orchestra, les exemples abondent. Le collectif parisien Bravery in Battles est présent sur le combat environnemental comme en témoigne la copieuse musique du film The (...)
On a vérifié pour vous, le Luxembourg n’a pas d’accès à la mer. Pourtant, le collectif articulé autour de Claire Parsons évoque l’élément liquide. On pense à Selfless Orchestra qui mêlait post-rock et défense de la Grande Barrière de Corail. De post-rock il est aussi question ici, même si quand ils pratiquent le genre ils le mâtinent d’une pincée de big band. Ça donne Trash Tub, le genre de morceau plus (...)
Cet imposant album d’un trio lillois nous semble familier sans que ce ne soit exactement identique à quoi que ce soit. Si on tente de retrouver son chemin, on est très vite tentés de s’y perdre pour mieux s’y fondre. Le chant très expressif dès Deer Flight, un peu comme si Patrick Wolf s’était mis au post-punk poisseux et éructait (aboyait même sur Revenge). On y secoue lentement la tête pendant que la (...)
On a déjà exprimé nos sentiments contradictoires pour cette artiste qui ne l’est pas moins. Elle est aussi comme ça, entre figure qu’on pourrait rencontrer dans un pub et art contemporain. Et sa musique le reflète aussi, avec des tendances disco directes mais toujours tordues.
Son premier album pour le label Ninja Tune s’annonce avec une pochette assez hénaurme qui donne une idée de la confiance qui (...)
On le répète souvent parce qu’on est chaque fois surpris de l’omniprésence de la musicienne française Christine Ott. Et sa productivité est aussi surprenante. Ainsi, six mois après le second album de Snowdrops et l’ayant croisé récemment en solo ou avec Theodore Wild Ride, la voici dans un nouveau projet. Ce n’est jamais pareil, seule l’exigence et la qualité sont constantes. Aussi ce mélange de tortueux (...)
Peu d’artistes se sont révélés aussi vite omniprésents que l’impeccable Fabrizio Modonese Palumbo. On a plongé dans sa collaboration avec Enrico Degani, découvert qu’on l’avait croisé chez Almagest ! puis réécoutés avec Larsen, en [collaboration avec Xiu Xiu, en tant que ( r ) ou maintenant sous son nom propre. Le tout en moins de deux ans.
L’album dont il est question aujourd’hui est une collection de (...)
On avait déjà confessé un goût prononcé pour ceux qui abordent la chanson française avec des envies résolument indé. Dans ce contingent, Volin nous avait beaucoup plu et on retrouve son leader Colin Vincent avec plaisir sur ce nouveau projet. Si on retrouve la même propension à garder des textes en français sur des musiques plus aventureuses, le style a un peu changé.
Accompagné de Maxime Rouayroux, (...)
Beauté monstrueuse
Parmi les labels chouchous des amateurs d’indé exigeant, nul doute que la maison canadienne Constellation fait partie des mieux cotées, que ce soit pour sa contribution à l’envol du post-rock ou son intransigeance. Connue – façon de parler – pour être la première artiste allochtone à s’y faire embaucher pour un CDI, Carla Bozulich s’est depuis lancée dans une pléthore de projets dont (...)
Much ado about nothing
On va tout de suite se calmer. Dans une première moitié de 2011 qui proclame davantage la bonne forme des talents confirmés qu’elle ne révèle de nouvelles têtes essentielles, le premier album de Wu Lyf était attendu comme le messie par une horde de zombies en manque de chair fraîche et prêts à enfoncer des portes (ouvertes) au premier murmure de la hype. Ça, pour sûr, (...)
Canal historique
Des guitares zèbrent le ciel, le clavier tombe en pluie, une voix perce le brouillard. Vous l’aurez remarqué, la météo n’est pas au beau fixe et les amateurs de cartes postales ne sont pas à la fête. I Lost The Signal propose ainsi pour un blues ralenti et tendu un peu inquiétant par la voix vénéneuse de Géraldine Swayne. Something Dirty ménage d’autres surprises, comme son introduction (...)
Le charme du contre-emploi
« On appelle une musique expérimentale quand l’expérimentation a raté ». Cette phrase magnifique m’a souvent aidé à appréhender certains groupes qui soumettent à l’écoute des brouillons inaboutis qui n’ont aucun intérêt intrinsèque mais qui peuvent avoir servi de rampe de lancement à des choses plus matures. Mais ici, l’aspect jusqu’au-boutiste est indispensable. Parce que la (...)