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Séance de rattrapage #42

mercredi 1er juin 2016, par marc


Facteur Cheval - Adieu l’Organique EP

Le Facteur Cheval est une des grandes figures de ce qu’on a appelé l’Art Naïf. Sans doute par esprit de contradiction, c’est aussi le nom d’une formation bruxelloise qui est tout sauf naïve puisque ce qu’on entend sur ce premier EP qui voit le duo Zoft et Carl Roosens (Carl et Les Hommes Boîtes) unir leurs talents a une force d’impact très peu contemplative.

Celui qu’on avait apprécié avec les Hommes Boîtes chez met toujours des histoires étranges en scène, avec un ton déclamé qui avait tout de suite plu. Non seulement ses textes sont plus ici brutaux, délivrés avec une fièvre nouvelle mais les musiciens sont aussi plus fiévreux. Le résultat est aussi moins facilement plaisant, plus brut.

Boucle est d’emblée plus rude et abrasif, avec un texte plus violent que ce qu’il nous a donné à entendre jusqu’ici. Le long préambule sert de rampe de lancement à un Carl quasiment possédé. Musicalement, on peut penser à ce qu’on a entendu récemment chez un autre duo bruxellois, Patton. Avec leurs orgues sixties torturés, on pourrait parler de math-rock brûlant de fièvre, de folie douce sur (…), de groove mécanique sur Adieu l’Organique.

Attention donc, c’est âpre, rude, bruyant, intransigeant et viscéral. Mais c’est pour ça aussi que ça que ça vaut le détour, parce que le jusqu’au-boutisme est passionnant.

Tom Adams - Voyages by Starlight

Il est sans doute un peu réducteur d’associer un artiste aux affiches qu’il a partagé mais quand on apprend que le jeune compositeur anglais basé à Berlin Tom Adams a déjà assuré les premières parties de A Winged Victory For the Sullen, Perfume Genius ou Moonface, on sait qu’on ne cherchera pas très longtemps la porte d’entrée.

Et de fait, on est cueillis d’emblée par une belle balade au piano, avec un air vaporeux et une voix haut perchée qui peut faire penser à The Antlers s’ils n’utilisaient qu’un clavier.

The Last Farewell est un intermède instrumental élégant et éthéré qui peut évoquer des choses délicates comme Eluvium ou Illuminine. C’est donc presque évanescent, et étrangement lent pour un court EP dont il casse un peu le rythme, dilue l’attention. Et on en a besoin pour monter avec les nappes de synthés sur Seven Birds qui pourront aussi plaire à ceux qui aiment quandSigur Ros s’apaise et remonte sur un piano entêtant.

Ces relatifs changements sont d’ailleurs bienvenus et on les retrouve sur Stellar. Ce court EP présente donc deux visages, avec quelques morceaux qui donnent vraiment envie d’en savoir plus et de moins passionnants interludes. Mais le talent développé ici est indéniable.

Wolf Parade - EP 4

Il y avait plein de raisons de ne pas attendre cet EP. On savait que le groupe autrefois basé à Montréal s’était reformé dans son line-up complet mais il semblait que le plaisir de rejouer ensemble allait surtout s’exprimer par une petite tournée de festivals. Et surtout, depuis le dernier et moins marquant album de Wolf Parade, on a eu droit à 7 publications d’un des deux leaders qui sortent chacun un album de ces temps-ci, avec Operators pour Dan Boeckner et en tant que Moonface pour Spencer Krug.

Alors que leur saisissant premier album reparaît ces jours-ci dans une version anniversaire augmentée, voici donc un petit EP éponyme (leur quatrième) qui démarre avec la voix de Boeckner. On sait tout de suite qu’on n’est pas sur un de ses projets passés ou actuels tant la collaboration

Deux premiers morceaux ne reproduisant pas la fièvre dont on les sait capables, cet EP prend donc un peu son temps et prend son envol après le bondissant Mr Startup. C’est La Vie Way frappe plus fort, avec une mélodie d’emblée plus marquante, leur deux voix et une bienvenue variation de ton au milieu. Leurs talents peuvent donc se retrouver.

Un album bientôt ? On n’ose pas rêver trop haut et on se contentera de ceci pour le moment, renforçant l’idée que c’est l’envie qui a dicté ces agréables retrouvailles.

    Article Ecrit par marc

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