jeudi 19 septembre 2013, par
Braine l’Alleud is burning
Parmi les groupes chers au cœur des gens, Girls In Hawaii a toujours eu une place particulière pour le public belge. Evidemment, la disparition que l’on sait a failli compromettre l’existence du groupe, à un tel point que ce retour peut se voir comme une double surprise. La première, évidemment, est sa seule existence. Ce n’étaient pas des monstres de productivité, mais 5 ans et demi ont passé depuis Plan Your Escape. Mais ils n’ont pas été oubliés comme en témoigne la facilité qu’ils ont eu à remplir les salles. Sans doute que les fans de la première heure ont grandi, et quitté l’âge des découvertes.
La seconde bonne surprise, c’est que cet album est très bon. Ce n’est pas que je n’en attendais pas grand’chose, mais il m’avait toujours manqué un petit quelque chose pour que je sois totalement emporté. Je vous avais expliqué ça à l’époque.
Le premier morceau est un peu sinistre, hanté, comme pour signifier qu’on n’est pas là pour la gaudriole. Etrange entrée en matière finalement peu engageante et qui se traine un peu. La suite ne déploie pas encore le strass et les paillettes mais monte d’un cran à tous les niveaux. Misses est donc déjà meilleur. Il semble que pour la première fois, ils se lancent dans un morceau en sachant exactement comment il va finir. La montée de cet Everest (chouette titre un peu prétentieux, mais pourquoi se contenter du Signal de Botrange ?) n’est pas finie puisque We Are The Living revit encore un peu plus.
Il y a maintenant des groupes qui avouent être influencés par eux, comme les bons Baden Baden. On n’avait d’ailleurs pas tardé à préférer ces derniers pour leur plus grande cohésion. Mais sur ce We Are The Living, c’est àGet Well Soon que j’ai pensé pour ce gout de l’emphase mis au service d’une musique finalement pop. La voix n’est évidemment pas à la hauteur de celle de Constantin Gropper mais c’est assez frappant.
Ii faut aussi rappeler que le point faible reste le chant. L’effet est bien évidemment moins calamiteux sur album qu’en concert. Les voix ne sont pas trop mises en avant de toute façon. C’est quand le morceau réclamerait plus de présence (Here I Belong). Ils l’ont visiblement compris et la seconde partie appuie la scansion du texte par un apport instrumental efficace. Ce n’est pas un cache-misère, mais la transformation d’une faiblesse en une force. Ils semblent comme libérés, plus surs d’eux et osent un son plus lourd avec Rorscharch ou quelques sons plus électroniques mais qui savent rester discrets. Ce qui renforce sans dénaturer leur pièce de résistance qu’est Mallory’s Height. Le son s’est aussi beaucoup épaissi, ce qui rend les passages instrumentaux bien différents d’avant, moins ‘organiques’ mais aussi plus intenses.
Il serait très réducteur d’aborder cet album sous l’angle du deuil (tous les interviews ne parlent que de ça) mais l’émotion que je guettais en ne la trouvant que rarement est ici plus palpable. Effet du contexte sans doute mais qu’importe. Et puis quand on ne s’y attend pas nécessairement, un morceau peut frapper fort. J’ai ainsi été surpris par un gros frisson sur Switzerland.
Il reste des hymnes naïfs parce que bon, on parle de pop quand même (Not Dead). Insuffler de l’intensité dans une musique d’apparence légère est quelque chose que seuls des tout grands peuvent réussir à tous les coups (Smiths ou Notwist pour fixer les idées) et on est déjà content que ça fonctionne plusieurs fois ici. Et s’il reste des slows très classiques, ils sont bien structurés (Head On)
Je n’ai jamais été un ardent défenseur (ni critique acerbe disons-le aussi) mais cet album des Girls In Hawaii est meilleur que ce qu’on pouvait en attendre. Près de 10 ans après leurs débuts, ils ont atteint la maturité qu’on attendait d’eux. Certes, il y a eu les épreuves de la vie, mais c’est en gagnant en force et en cohérence, en resserrant les boulons et l’écriture qu’ils y sont parvenus. Le groupe populaire et sympathique est devenu un grand groupe.
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