vendredi 10 février 2017, par
S’il avait fallu 20 à Mick Harvey pour donner une suite à ses reprises de Serge Gainsbourg, il nous revient assez vite après le Delirium Tremens dont on vous avait parlé. La pompe a donc été réamorcée et ces morceaux-ci semblent issus de la même fournée.
Pour être complètement honnête avec vous d’ailleurs, il semble difficile d’encore livrer 17 volumes de la même veine. Tout d’abord parce que si la discographie originelle est bien fournie et qu’il reste encore quelques classiques en réserve, il va aussi puiser dans des sources plus obscures et des recoins moins visités. Pour le meilleur aussi, The Eyes to Cry nous était inconnu et prend un beau relief ici.
Et puis c’est sans doute une volonté d’adoucir le propos et de présenter des duos moins sombres, mais on retrouve moins l’appropriation intense des volumes précédents. Les moments où la finesse d’écriture de Gainsbourg sert de support à la noirceur et à la densité de cet ancien membre des Bad Seeds de Nick Cave sont moins présents sur ce quatrième volume.
Mais ils sont tout de même là, qu’on se rassure. Lost Loves présente cet état d’esprit. Ce qu’on retrouve par contre, c’est une volonté assez délirante de donner des équivalents à ce qu’on considérait comme intraduisible. Se frotter à En Relisant ta Lettre est quand même culotté. Ceci dit, il n’y a pas que de l’anglais, on a droit à une extrêmement suggestive version d’Ich Liebe Dich… (Ich Dich Auch Nicht) avec Andrea Schroeder.
Poupée de Cire, Poupée de Son a déjà été mise à jour de façon plus (bombastique Arcade Fire) ou moins (Belle and Sebastian) convaincante et on connaissait son potentiel qui est toujours manifeste. C’est un appel au gros son qu’Harvey a bien entendu. Cargo Culte est aussi un des grands morceaux de Gainsbourg, notamment grâce aux arrangements somptueux de Jean-Claude Vannier et on le retrouve avec plaisir ici. Evidemment quand la chanson est parfaitement charpentée, elle est transposée de façon plus fluide. Prevert’s Song ne peut que fonctionner.
Un morceau comme La Noyée est sans doute moins connu pour sa version originale que pour ses reprises plus diffusées par Carla Bruni ou Yann Tiersen. Il y a moins de décalage là-dedans que quand Harvey chante Annie et ses sucettes. Mais ça reste plus pertinent que raviver Les Petits Boudins ou confier la voix de Contact à la Cambodgienne Channthy Kak.
On le voit, ceux qui connaissent déjà le procédé amusant et noir à la fois de Mick Harvey vont pouvoir compléter leur collection. Partant du principe que les francophones connaissant toutes les versions originales ne doivent pas constituer le gros de l’audience, l’exploration de l’Australien qui prend ici des accents plus légers reste pertinente pour diffuser le talent d’un des plus grands auteurs de notre langue.
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