Accueil > Critiques > 2020

I Am Stramgram - When The Noise Becomes Too Loud

vendredi 9 octobre 2020, par marc


La sortie de ce nouvel album était initialement prévue en avril avant qu’étrangement, les plans soient changés… Ca doit être sacrément frustrant de reporter tout ça quand on a un album pareil sous le bras. Parce que ceci fait partie de nos albums préférés de l’année en cours. On avait déjà dit tout le bien qu’on pensait de l’album précédent de Vincent Jouffroy et ceci est sans doute encore mieux, différent mais plus affirmé.

Ce qui a changé surtout, c’est le son. Sur Tentacles, on sentait qu’un homme seul était à la manoeuvre. Le son de l’album solo, c’est ma seule explication, sensation déjà perçue chez une autre réussite, The Callstore. Ici, exit les montées sur guitares distordues, le son se fait plus enveloppant, un peu plus synthétique sans doute mais plus travaillé et enthousiasmant. Le hasard qui jette dans nos oreilles ceci et Aaron le même jour est bien cruel de montrer la version réussie (celle-ci donc) et la loupée d’un même style.

Il en ressort une propension à sortir les morceaux d’eux-mêmes. Quand Make It To The Moon commence sur un mode acoustique, on sent, on sait qu’il évoluera, et c’est le cas, avec des cordes synthétiques qui viennent rehausser le morceau sans l’alourdir. Ces morceaux évoluent donc, mais chacun à leur façon. Si Noyé commence en balade, il s’étend sur un chorus majestueux. Ces sons qui soutiennent ces densités sont vraiment réussis (Make It To The Moon par exemple) et apportent un intéressant contrepoint à la délicatesse du chant.

Le gimmick du magnifique When The Noise Becomes Too Loud permet d’installer une tension immédiate et modulable. Sa façon de faire permet de faire monter les morceaux sans recourir à de la distorsion (Wind Up Toy) ou de les laisser être délicats (Lungs) ou légers (Stories To Tell). Mais il faut des morceaux costauds pour ça, pour supporter la densification. Et un grand sens mélodique est un atout indéniable sur Wind Up Toy.

On juge un album à ses plus hauts faits, c’est une habitude mais un album est excellent quand les morceaux qu’on n’avait pas remarqué spécialement au début remontent dans l’estime avec les écoutes. C’est ce qui se passe sur Shattered Ground et ses cordes soyeuses. Donc la compétence est une qualité qui se polit, et qui se confime ici. Les réussites dans le genre s’appellent Loney, Dear ou Low Vertical, et on peut y ajouter cet étrange patronyme. On est clients du genre, certes, mais tout le monde va y gagner à l’écouter.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Louis Jucker et Le Nouvel Ensemble Contemporain (NEC) - Suitcase (...)

    Alors que son comparse au sein des turbulents Coilguns, Jonathan Nido, nous propose avec Trounce l’expérience musicale la plus extrême de l’existence de ce vénérable site (on vous en reparle), Louis Jucker sort pour sa part un album intrigant et apaisé qu’il nous a été facile d’apprécier. Les deux sont aussi des personnes centrales du label helvétique Hummus qui abrite aussi Camilla Sparksss ou Quentin (...)

  • Mick Harvey and Amanda Acevedo - Phantasmagoria In Blue

    Quitte à paraître un tantinet pédagogique, un petit rappel des faits n’est pas superflu. Membre des Bad Seeds, auteur de quelques musiques de film vraiment envoûtantes auprès de Nick Cave, Blixa Bargeld et Anita Lane, Mick Harvey s’était aussi distingué par des reprises haut-de-gamme et anglophiles de Serge Gainsbourg. Ajoutons quelques albums solo de très bon aloi et vous comprendrez pourquoi on a (...)

  • Lauren Auder - The Infinite Spine

    La musique, ça ne fonctionne pas comme les champignons, partager ses découvertes et leur origine est un plaisir. On en profite pour rappeler l’existence de ce nid à surprises. Et la chanteuse Lauren Auder en ménage pas mal. Il y a en effet chez elle de la profondeur et du spectacle. On le constate dès l’entame de 118 ou alors au détour de la puissance tranquille de Datta920.
    Il y a aussi un sens de (...)

  • Caesar Spencer - Get Out Into Yourself

    Anglais né au Pérou, Caesar Spencer réside aujourd’hui en France. Une origine qui lui permet de présenter un mélange subtil entre traditions anglo-saxonne et française s’était déjà retrouvé sur Maxwell Farrington et le Superhomard. Disons-le d’emblée, la voix est un peu plus assurée ici et est une des points positifs de cet album. Nous verrons qu’il y en a bien d’autres.
    Le morceau introductif est un peu (...)