mercredi 4 août 2021, par
On avait déjà rencontré la musique d’Enrico Degani à l’occasion de sa collaboration avec Fabrizio Modonese Palumbo l’an passé. Habitué à jouer avec des musiciens jazz aventureux comme Antony Braxton, il décide de se lancer seul dans un projet décliné en quatre EP regroupés sur cet album.
Le point de départ est un cycle de vie de robot. Mais ce qui l’intéresse, c’est évidemment moins le côté mécanique que les possibilités de conscience et d’éveil. Degani avoue trouver dans la perfection de l’électronique de l’espace pour créer de l’imperfection, et, partant, de l’humanité. C’est dans cet interstice que se situe cet album et que sa réussite est à chercher.
Avec un expérimentateur de la musique (on lui doit un système post-tonal) et un thème extra-humain, on pourrait s’attendre à un album froid mais c’est exactement le contraire qui se passe. On commence donc par la naissance, avec une entrée en matière plutôt douce. Rien ne viendra prendre l’auditeur à rebrousse-poil cela dit.
C’est une musique (l’album n’est pas instrumental) d’évocations, faussement mécanique par moments (Raise and Walk) mais le ton n’est pas robotique, il est au contraire empreint d’une humanité indéniable, avec des textures sonores plus denses qu’il n’y paraît et les lignes mélodiques sont toujours impeccablement lisibles. On retrouve même occasionnellement la mélancolie de The Notwist (My Human) pour un résultat forcément réussi. Comme l’espace, la robotique est un domaine qui suinte le spleen et il est tenace ici, sur toute la longueur de cet album.
Autre réussite, il y a des déclinaisons, de la variété, entre Loading System en blues étrange et décharné et Module 1 plus dissonant, on sait la maîtrise de Degani. Il peut évidemment se reposer sur une vraie virtuosité acoustique (I Dreamt I Was Wooden Made). Freedom Flower est un hommage au sublime Bella Ciao, ultime touche faussement détachée qui nous laisse avec nous-mêmes.
S’il faut un peu de temps pour s’imprégner de l’importance de cette oeuvre (on vit avec elle depuis de nombreux mois maintenant), la cohérence entre le fond et la forme, la mélancolie presque métaphysique qui s’en dégage en fait un album résolument à part, riche de ses imperfections revendiquées.
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