mardi 29 août 2006, par
L’écoute d’une compilation des Inrockuptibles (celle fournie avec le numéro 554 et intitulée Un Eté 2006) peut avoir des effets étranges. Par exemple, de se procurer un album de Hip-hop français. La faute en incombe à Gibraltar, son gimmick imparable qui n’est pas éloigné du fameux Jaguar de DJ Rolando pour ceux à qui ça peut évoquer quelque chose, son thème fort et son traitement humain mais pas désespéré (je soupçonne quand même une fameuse dose d’ironie). On est plus surpris de songer au Jacques Brel et à son légendaire Amsterdam. C’est qu’il y a du souffle là-dessous.
Du rap hexagonal qui ne constitue pas à proprement parler mon domaine de compétence de prédilection, on ne retrouve fort heureusement ni l’imitation cheap du r’n’b américain ne de slogans anti-police primaire. C’est d’ailleurs ça qui rend l’écoute agréable de bout en bout (à doses homéopathiques cependant). Le flow est fort proche de la langue parlée (Les Autres), sur le ton du souvenir, de la confidence.
On suit donc un français d’origine africaine au quotidien. Sa vision à hauteur d’homme est souvent touchante mais le ton souvent premier degré le fait virer parfois au prêche nunuche. Mais quand le témoignage est sincère (Soldat De Plomb, Il Se Rêve Debout) il atteint sa cible. Il faut avoir touché la délinquance pour en parler. Témoigner, pas en faire l’apologie comme dans le vulgaire et horripilant Gangsta-rap.
La Gravité est à la limite du slam, avec juste un petit piano comme accompagnement. J’ai toujours trouvé ce genre plutôt culotté. Mais avec ses limites qui sont celles de la poétisation à outrance.
Evidemment, pour les non habitués, écouter quinze titres d’un album de rap au premier degré d’une traite est éprouvante, d’autant que si les titres agréables ne manquent pas, la répétition des thèmes, du débit et des angles d’attaque peut vite lasser. Mais à doses raisonnables, on peut en profiter sans arrière-pensée. D’autant que musicalement c’est soigné. Jamais indigne en tous cas.
Le délire mystique de l’Alchimiste a toutes les chances de fortement m’énerver et c’est le cas. La religion, même en filigrane, m’horripile souvent en musique. Dont acte.
J’aurai donc critiqué un album auquel collabore Wallen (sa copine dans la vraie vie en fait) sur un Adam et Eve naturaliste et pas transcendant. La vie est bizarre parfois.
Voilà, si vous voulez vous frotter à ce qui se fait en rap dans notre langue, ceci est recommandable, actuel et sincère. Tout n’est pas bouleversant, certes, mais Gibraltar (le titre) donne d’emblée une belle pêche. (M.)
On sait qu’un nouvel album de Vincent Delerm n’est pas vraiment nouveau. Ce n’est pas ce qu’on attend de lui de toute façon et on s’est souvent surpris à penser qu’on avait déjà entendu certains morceaux. Mais on ne s’est jamais lassés, parce qu’on sait qu’on peut rester conservateur sans être nécessairement ringard. Ce que d’autres n’ont pas compris.
Cette Fresque a même droit à un premier (…)
Dans les tests automobiles, tous les articles sortent en même temps et décrivent la même prise en main du véhicule conduit en même temps par une horde de journalistes invités. Mais les impressions les plus pertinentes viennent souvent des essais longue durée disponibles plus tard. Souvent pris par la vitesse des sorties, on essaie de compiler un avis pour coller à l’actualité, on prend (…)
On a toujours intérêt à guetter les collaborations de Dominique A. C’est ainsi qu’on avait repéré les Fitzcarraldo Sessions ou Valparaiso ou H-Burns. Il ne chante pas vraiment ici mais lit un bulletin météo de 1976 qui semble presque prophétique. Mais si on est venu pour lui, on est resté pour Nesles dont on découvre l’univers ici.
L’entame de Beckett tend plus vers un krautrock indolent (…)
Le morcellement des plateformes d’écoute m’empêche d’avoir une vue complète des écoutes mais pour l’année 2024, Chasseur était très haut dans les rotations. C’est un signe comme un autre que l’album En Diagonale avait plu et résistait aux hautes rotations. Il en est de même ici vu qu’on peut le considérer comme plus percutant et constant.
Cela dit, la formule reste la même, c’est toujours (…)
Et si la faible teneur en hip-hop de ces colonnes était plus fondée sur notre incapacité à en parler proprement que sur le plaisir réel de l’écoute ? C’est en effet étonnant d’avoir si peu de commentaire sur un EP qu’on a énormément écouté ces dernières semaines. On avait déjà évoqué la qualité de la scène suisse. Que ce soit dans la pop indé haut de gamme (Gina Eté, Odd Beholder), le rock (…)
Certains albums résistent. Non pas à l’écoute, celui-ci nous accompagne depuis trois mois. Mais à l’analyse. Leur fluidité n’aide pas le critique. Mais sera appréciée par l’auditeur, on vous le garantit. Eilis Frawley est une batteuse à la base, notamment au sein de Kara Delik dont on vous reparle prochainement. C’est manifeste au détour de morceaux comme People qui s’articule autour de cette (…)
Alors que les dossiers de presse font état d’un album qui n’existe que dans la tête de ceux qui le défendent, il est difficile de faire mieux que Un album de la presque-maturité où la mélancolie succède presque au second degré... Cela risque d’en faire pleurer plus d’un·e !
Cette laconique présentation met le doigt sur ce qui fait la spécificité de Peritelle, ’presque’. Parce que c’est dans (…)
Pendant plusieurs années, on a pris l’habitude de croiser des morceaux de Glauque, à un tel point qu’on était persuadés que ce premier album n’en était pas un. Mais entre recevoir un morceau percutant de temps en temps et enchainer autant d’upercuts d’un coup, il y a tout de même une fameuse marge.
Evidemment, le champ lexical de la boxe n’est pas facile à éviter ici. ‘Album coup-de-poing’ (…)