Accueil > Critiques > 2008

Tapes ’n Tapes - Walk It Off

mardi 15 avril 2008, par marc

Heureuse déception


C’est classique : on veut retrouver dans un nouvel album d’un groupe qui nous plait les ingrédients qui vont nous permettre de l’aimer à nouveau. Mais dans ce cas-ci, c’est uniquement une fois la surprise et, osons le dire, la déception passée qu’on peut appréhender plus sereinement la spécificité de ce second album.

Ce qui déconcerte, c’est que l’esprit n’est plus vraiment le même, passant d’un folk-rock râpeux, réminiscent aussi bien des Pixies que des Violent Femmes à une composition plus linéaire, plus fouillée mais plus fouillis aussi. Exit donc les brusques changements qui faisaient le sel de The Loon. Fort heureusement, ils gardent une personnalité, due au jeu de guitare et de voix. Au son un peu crade aussi. Mais c’est cohérent avec le côté brut de la démarche.

Le single annonciateur, Hang Them All, montre une belle énergie, mais sans se hisser aux standards du premier essai. Il faut dire que The Insistor est sans doute de ces chansons qu’on pourra ressortir sans trop de gêne dans dix ans. On ne fait pas de bons albums avec de bonnes idées, mais avec des chansons fortes. Quand ils se contentent de faire rugir des guitares sales, on frôle l’ennui (Blunt) ou le brouillon (Georges Michael). Ils contournent la difficulté sur Demon Apple, dont le début ne fonctionne pas avant de passer à la vitesse supérieure, par la grâce d’un final enlevé. Les morceaux tendus nécessitent de l’intensité pour ne pas être juste énervants. Ils en injectent donc à l’aide des guitares acérées dans The Dirty Dirty et ça fonctionne. De même ils se ménagent des moments de bravoure (Lines), des montées au filet au bluff sans se laisser déborder.

Sur des morceaux agréables comme Conquest ou Say Back Something, on pourrait les qualifier d’une version garage de Spoon. Sans l’excellence ni surtout la constance des Texans cependant. S’ils sont un peu moins à l’aise dans les balades (Time of Songs), Damon Albarn n’aurait pas reniée Anvil qui est plutôt réussie dans sa subtilité.

C’est au fil des écoutes que cet album se révèle. Un peu hermétique d’abord, il libère peu à peu ses secrets. Mais dans la foulée d’un premier album brillant, il marque, si pas un essoufflement, au moins une phase de tâtonnements.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

1 Message

  • HEALTH - RAT WARS

    Même après des années passées à autre chose (des musiques de film, des versions disco), la puissance de feu d’HEALTH a laissé une trace manifeste. Mais il a fallu un rabatteur de qualité pour qu’on ne passe pas à côté de cet album. Le souvenir bien qu’ancien était toujours cuisant et on retrouve le trio avec un plaisir certain.
    Ils ont collaboré avec Nine Inch Nails ou Xiu Xiu et ces cousinages semblent (...)

  • Beirut – Hadsel

    Bien honnêtement, quand on a découvert Beirut en 2006, on ne se doutait pas qu’on allait suivre le jeune Zach Condon pendant plus de 17 ans. Cette musique fortement influencée par les fanfares balkaniques a suscité d’emblée l’intérêt mais le procédé semblait trop étriqué pour s’inscrire dans la longueur. On avait tort, forcément, et ceci en est un nouveau rappel.
    En première écoute, ce Hadsel est plutôt en (...)

  • Animal Collective – Isn’t It Now ?

    A une époque où la modernité n’est plus une vertu cardinale, il peut être étonnant de retrouver cette conjonction de talents (Avey Tare, Panda Bear, Deakin et Geologist) aussi en forme après près d’un quart de siècle d’existence. Avec Time Skiffs, on pouvait clairement parler d’une nouvelle période pour le groupe, un revirement vers plus de musique ‘figurative’ par opposition aux brillants collages (...)

  • Caleb Nichols - Let’s Look Back

    L’artiste qui aura fait le plus parler de lui en 16 mois est un prix qui ne rapporte rien sinon des critiques multiples et sans doute un peu de confusion de la part d’un lectorat débordé. Bref, après avoir pris congé de Soft People, l’actif Caleb nous a donné un album un opéra rock Beatles queer puis deux EP qui mélangeaient chansons et poèmes autour du personnage semi-autobiographique de Chantal. Sa (...)