Accueil > Critiques > 2009

Archive - Controlling Crowds

mardi 7 avril 2009, par marc

Le chaud, le froid et le tiède


Découvrir des groupes, les suivre, les perdre de vue et éventuellement les retrouver, voilà notre quotidien. Alors que je tiens leur toujours très recommandable You All Look The Same To Me comme une vraie référence, je les avais un peu perdus de vue depuis un Noise pas bien emballant et un live parfaitement dispensable, puis une prestation mémorable au Pukkelpop de 2004. Pourquoi les retrouver dès lors ? Sans raison particulière en fait. Juste pour le plaisir de se laisser guider par le hasard.

Quand on n’a un peu trop rien à dire d’un style un peu électronique et downtempo, on parle de Trip Hop. Nous sommes de grandes personnes en 2009 donc nous n’userons pas de ces ficelles faciles. Quand on a appliqué la même étiquette sur des surfaces aussi hétérogènes que Portishead, Tricky, Moloko (au début) ou Goldfrapp, on ne peut que constater qu’elle n’adhère plus sur grand’chose. De plus, si c’était assez de mise lors de la sortie de Londinium en 1996, leur évolution vers une musique plus proche du psychédélisme placide d’un Pink Floyd les éloigne de ces sources bristolliennes. Il faut quand même être juste et préciser qu’il y a ici de vrais morceaux de phrasé hip-hop qui accomodent plusieurs types d’ambiance. Du plus douillet Quiet Time au légèrement plus mordant Razed To The Ground. Et dans tous ces cas, on pense que c’est une fausse bonne idée apportant une modernité plus vraiment au goût du jour. Personnellement en tous cas, je n’ai pas apprécié ces intrusions.

Tant qu’on en est au sujet des vocaux qui fâchent un peu, on constatera que le départ de Craig Walker a laissé un vide qui se voit comblé partiellement par ce qu’on a évoqué, des voix féminines ou masculines. Bien. Mais ce que les voix du sexe dit faible font sur Collapse/Collide le rendent trop joliment insignifiant. Le délicatement nommé Whore est dans la catégorie de ces charmantes choses un peu éthérées, à la Zero 7 ou autres Morcheeba. Ce n’est pas ma tasse de thé je vous l’avoue mais il faut reconnaître qu’Archive maitrise ces moments-là. Les voix mâles quant à elles s’égarent parfois comme sur Chaos, où elle confine à la mièvrerie. La frontière est ténue, certes, mais par exemple, un Goodbye pouvait prendre où ça faisait bon d’être pris (pour dissiper le malentendu, je parle des tripes) dans un registre proche. Etrangement, sur certains morceaux (Funeral) ça passe nettement mieux.

Alors, un mauvais album ce Controlling Crowds ? Non, certainement pas. Parce que si j’ai des réserves à formuler, il n’en reste pas moins que quand ce groupe montre de quoi il est capable, ça peut encore se révéler soufflant. Un album qui mise autant sur les ambiances, le ressenti et les affinités électives est difficile à appréhender, et encore plus à commenter. De plus, chacun fixera ce qui le touche ou pas. Et pour ne rien simplifier, j’avoue que les sentiments provoqués ont varié non seulement lors de l’écoute, mais aussi d’une écoute à l’autre.

Mais certaines choses ont pu être perçues comme bonnes avec une certaine constance. Et l’album nous met à l’aise dès la plage titulaire qui ouvre l’album. Leurs montées sont toujours là, et elles sont terrassantes sur Bullets qui est sans conteste leur meilleur morceau. On retrouve aussi une vraie belle intensité sur Kings Of Speed sur lequel le discret gimmick au clavier se révèle rien moins qu’entêtant. Parfois aussi, on se réjouit d’une accélération même si elle semble plus routinière (Dangervisit). D’une manière générale, c’est une musique pour auditeurs patients. Si le shuffle est votre mode de vie et que vous n’écoutez pas d’album complet, ceci n’est sans doute pas pour vous.

C’est étrange de retrouver après autant de temps ce qui nous a enchantés et énervés chez un groupe. Capable d’être par moments un peu lisse et passe partout, surtout si c’est la musique plus viscérale qui vous plait, ils font toujours montre d’une redoutable efficacité dans la densification des textures de sons et peuvent emporter la mise haut la main. Le tout est donc un passage d’une tisane tiédasse à un tord-boyaux déconcertant de prime abord dans lequel il faudra faire son tri.

http://www.myspace.com/archiveuk
http://www.archiveofficial.com/

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Magnetic Rust - Reject

    Un peu de distraction et hop, on laisse passer deux albums. C’est ce qui est arrivé depuis La Chute de Magnetic Rust, nom de guerre du Nordiste Kevin Depoorter. On peut le déclarer maintenant, on ne laissera plus passer l’occasion. Parce que cet album confirme tout ce qu’on en pensait tout en complétant son univers.
    Lequel n’est pas si facile à cerner d’ailleurs. Si ce n’est pas frontalement de (...)

  • Romy - Mid-Air

    The XX, c’était un petit miracle d’équilibre. Les exercices solo de ses trois membres le confirment, c’était simplement une conjonction de surdoués. Voici donc le premier album de Romy, chanteuse et guitariste de la formation et on retrouve sa voix impeccablement mise en évidence. On en vient à penser que c’est la voix elle-même qui a les qualités requises
    On a toujours avoué notre attachement à cette (...)

  • Róisín Murphy - Hit Parade

    On a déjà exprimé nos sentiments contradictoires pour cette artiste qui ne l’est pas moins. Elle est aussi comme ça, entre figure qu’on pourrait rencontrer dans un pub et art contemporain. Et sa musique le reflète aussi, avec des tendances disco directes mais toujours tordues.
    Son premier album pour le label Ninja Tune s’annonce avec une pochette assez hénaurme qui donne une idée de la confiance qui (...)

  • The Cry – The Cry

    On le répète souvent parce qu’on est chaque fois surpris de l’omniprésence de la musicienne française Christine Ott. Et sa productivité est aussi surprenante. Ainsi, six mois après le second album de Snowdrops et l’ayant croisé récemment en solo ou avec Theodore Wild Ride, la voici dans un nouveau projet. Ce n’est jamais pareil, seule l’exigence et la qualité sont constantes. Aussi ce mélange de tortueux (...)