samedi 11 septembre 2010, par
Non peut-être ?
Bien honnêtement, il a fallu du temps pour que les informations « le batteur de Radiohead va faire un album » et « l’album de Philip Selway est sorti » fusionnent. La question à 5 cents c’est « est-ce qu’on en aurait parlé si ce n’avait pas été un membre de Radiohead ? ». La réponse à 5 cents c’est « Non peut-être ? ». Tout simplement parce que le genre pratiqué par Selway cadre bien avec ce dont on parle souvent. De plus, cet album sort sur le label Bella Union qui nous est très cher pour nous avoir déjà gratifiés des Fleet Foxes, Midlake ou John Grant, autrement dit un fournisseur d’étoiles de premier ordre.
Donc, s’il est difficile de faire abstraction du boulot de base du garçon, et si les deux têtes pensantes Johnny Greenwood et Thom Yorke ont entre autres livré avec respectivement la belle et austère musique de There Will Be Blood et un album solo de haute volée la preuve que l’union fait la force, certes, mais que leurs talents sont indéniables, le style pratiqué par Selway a le bon goût de pas ressembler à du sous-Radiohead, et même à du Radiohead tout court. De plus, il est bon cet album, et on est loin de la risible (et heureusement oubliée) tentative de James Iha des Smashing Pumpkins de livrer un album acoustique qui confondait délicat et gnangnan.
On reconnaît peut-être quelques gadgets sonores bien dissimulés sous Beyond Reason mais A Simple Life séduit par sa simplicité, sa retenue jamais austère. Et les morceaux reposent sur de jolies mélodies mélancoliques comme il faut dans le genre, comme le pratiquait Nick Drake par exemple (The Tie That Binds Us). Les cordes sont discrètes mais judicieuses, et on constate que c’est un de ces albums qu’il faut aller chercher soi-même, qui ne viendra pas vous hanter ou que vous trouverez sur le pas de la porte pour vous emmener en promenade. C’est ce qui lui coûte une étoile, parce qu’il se révèle vraiment attachant. Mais ce n’est pas lui qui vous enverra des cartes à Noël pour se rappeler à votre bon souvenir. Quoique je pense que je saurai m’en souvenir au moment de coucher mes préférences de l’année.
On ne peut pas dire qu’on retient tout, qu’on a envie de sortir en courant crier son allégresse. Mais rien n’embarrasse, et c’est une des missions principales. Et puis, le charme opère, et il s’est produit un moment où je suis passé de l’autre côté, de celui où cet album semble limpide, familier, rassurant. Il m’a donc convaincu pour sa valeur intrinsèque. Ce serait mentir de dire qu’un énorme songwriter est né mais quand on sait à quelle altitude croisent les têtes pensantes d’un des groupes les plus novateurs de la décennie précédente (je serais plus réservé sur celle-ci), on est forcément exigeant. Il n’en reste pas moins que cet album a été une excellente surprise, la connivence, comme dans les meilleurs cas, grandissant avec le nombre des écoutes. Ceci est donc un disque de niche mais on habite cette niche (si on peut dire).
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