Accueil > Critiques > 2023

The Coral Sea - Golden Planet Sky

vendredi 3 février 2023, par marc


J’ai fréquenté la beauté/Je n’en ai rien gardé

Si Jean-Louis Murat parle pour lui, on peut pour notre part témoigner qu’on n’a jamais oublié la beauté qui sourdait des albums de Rey Villalobos en tant que House of Wolves. Il a fallu une mise en lumière de l’indispensable Laurent pour qu’on se rende compte qu’il officiait maintenant en tant que The Coral Sea. Et constater par ailleurs que l’album qui était éponyme maintenant ne l’est plus.

Si l’étiquette a un peu changé, le contenu est lui aussi un peu différent. La plage titulaire est une dream-pop fondante qui s’accorde mieux que bien de son chant délicat. Raincoat et son hautbois rentrent un peu dans le rang mais on retrouve vite son impeccable langueur répétitive de Runs into The Arms of Fear. Il arrive à faire monter seul Broken Circle en répétant la même phrase. De la belle ouvrage à n’en pas douter.

L’émotion telle qu’on lui connaissait est pleinement retrouvée sur Love Is No Sacrifice, avec en prime une guitare pleine d’un fuzz seventies. Ce fuzz donne une teinte pop vintage à Hero et d’une manière générale enrichit cet album. On pourrait d’ailleurs dater la pochette de cette époque.

On a aussi quelques gimmicks bien sentis sur Your Feathers Up. Comme l’interprétation est toujours intense, ces petits plus envoient les morceaux dans une autre dimension. Et on reconnait tout de suite un des grands morceaux de l’année en cours (le single est sorti en 2022 mais ne chipotons pas...). Il va falloir aller le chercher celui-là.

Le parcours musical de Villalobos n’est pas sans rappeler celui de The Antlers, rappelant que le chemin peut être court de la beauté pure à l’évanescence mais que les deux ne sont pas étanches. En tous cas, on est heureux de retrouver la trace du tellement précieux Rey, surtout que cet album d’un très beau niveau contient quelques pépites.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

2 Messages

  • The Coral Sea - Golden Planet Sky 5 février 07:14, par Laurent

    Ce que dit Murat n’engage toujours que lui, en particulier quand il parle de ses collègues ! :D

    Si évidemment je te rejoins sur la qualité de ce disque, je note deux choses. La première, c’est que Your Feathers Up fait quand même pas mal penser à du Sophia, non ? Je viens seulement de m’en rendre compte. La seconde, c’est que tu fais judicieusement remarquer que la pochette fait très seventies aussi. Et comme Love Is No Sacrifice présente pour moi de grandes réminiscences du "All Things Must Pass" de George Harrison (sorti en 1969, je crois, mais ne chipotons pas ^^), j’ai tout à coup une révélation en constatant que le visuel y renvoie aussi. Ça me fait comme une sensation genre "dernière scène de Usual Suspects". Je me suis complètement fait matrixer, comme disaient les jeunes en 2020. Merci Marc, merci Rey, merci les jeunes.

    repondre message

    • The Coral Sea - Golden Planet Sky 6 février 08:09, par Marc

      Ah oui tiens, en effet on peut penser à Sophia dans ses moments plus pop (toutes proportions gardées bien entendu) mais je dois humblement avouer que je connais mal Georges Harrison. Le twist de critique s’associe bien avec Rey, ça me fait penser qu’on imaginait que c’était une chanteuse...

      repondre message

  • Beirut – Hadsel

    Bien honnêtement, quand on a découvert Beirut en 2006, on ne se doutait pas qu’on allait suivre le jeune Zach Condon pendant plus de 17 ans. Cette musique fortement influencée par les fanfares balkaniques a suscité d’emblée l’intérêt mais le procédé semblait trop étriqué pour s’inscrire dans la longueur. On avait tort, forcément, et ceci en est un nouveau rappel.
    En première écoute, ce Hadsel est plutôt en (...)

  • Animal Collective – Isn’t It Now ?

    A une époque où la modernité n’est plus une vertu cardinale, il peut être étonnant de retrouver cette conjonction de talents (Avey Tare, Panda Bear, Deakin et Geologist) aussi en forme après près d’un quart de siècle d’existence. Avec Time Skiffs, on pouvait clairement parler d’une nouvelle période pour le groupe, un revirement vers plus de musique ‘figurative’ par opposition aux brillants collages (...)

  • Caleb Nichols - Let’s Look Back

    L’artiste qui aura fait le plus parler de lui en 16 mois est un prix qui ne rapporte rien sinon des critiques multiples et sans doute un peu de confusion de la part d’un lectorat débordé. Bref, après avoir pris congé de Soft People, l’actif Caleb nous a donné un album un opéra rock Beatles queer puis deux EP qui mélangeaient chansons et poèmes autour du personnage semi-autobiographique de Chantal. Sa (...)

  • Sufjan Stevens – Javelin

    Chez Sufjan Stevens, il y a les choses qu’on admire et celles qu’on adore et ce ne sont pas nécessairement les mêmes. Et si chez les fans de la première heure le meilleur était au début, c’est sans doute son fantastique Carrie and Lowell qui a été le plus acclamé et est considéré comme la ‘base’ de son style. Parce que Sufjan, c’est bien plus large que ça, entre albums hénaurmes et risqués, ambient pas (...)