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Islands : Return To The Sea

lundi 28 août 2006, par marc


Quand on a trouvé une source fiable de critiques, donc de propositions de CD, il ne faut pas hésiter, on se laisse guider. C’est donc Pitchforkmedia.com qui m’initie aux joies de la musique indé américaine. S’il y a toutes les chances que la plupart des groupes dont il est questions entre autres (il y a 5 critiques par... jour sur ce site) soient peu médiatisés chez nous, le plaisir est souvent au rendez-vous. Pour ne reprendre que des exemples récents, c’est comme ça que j’ai découvert Band of Horses, Tapes ’n Tapes et cet album qui nous occupe. Il existe donc une alternative à la prétention de certaines formations anglaises propulsés meilleur groupe de l’univers de la semaine. Le plaisir et la découverte naissent de la variété de toute façon.

Mais à quoi cela ressemble-t-il ? vous entends-je déjà proférer, courroucés que vous êtes par ces introductions, certes indispensables, mais éminemment verbeuses. Eh bien, mes amis, c’est fort bon. Dans le registre pop-rock-folk léger inspiré, c’est en tout cas une de mes futures références.

Le morceau de bravoure est de toute façon placé dès le début. C’est une chanson au format presque pop, qui comporte une montée en deux temps, de guitares acérées et lentes (m’évoque le fort bon souvenir de la seconde partie de Same Ghost Every Night de Wolf Parade pour ceux qui ont entendu ça) dans un premier temps puis plus noisy. Je dois bien avouer que malgré les nombreux passages dans mes oreilles, la mélodie s’inscrit seulement dans ma tête. Mais elle m’a plu à chaque fois. reste le côté le plus inhabituel de ce titre (Swans (Life After Death)) qui est sa longueur de 9’30". Ca vous est déjà arriver de vous écouter quotidiennement une chanson de cette ampleur ? Je peux maintenant dire que oui. Serait-ce le morceau que Supergrass aurait rêvé de composer un jour ?

Le plaisir immédiat des mélodies et l’impossibilité de les retenir est une caractéristique marquante de cet album. En tous cas, ça facilite grandement l’accès.

Don’t call me Whitney, Bobby par exemple est un petit modèle d’équilibre entre légèreté et intérêt. Peut-être la clémence de la météo à l’heure où je couche ces lignes m’encourage à me laisser aller. Mais le côté nonchalant y est pour beaucoup. Mais ce n’est qu’une glande de façade comme chez Beck, Modest Mouse ou Tom Vek.

Ils n’hésitent d’ailleurs pas à incorporer plus d’instruments. Comme du Architecture in Helsinki ayant pris des cours de solfège au détriment de stupéfiants (Rough gem et ses violons). Le côté foire est en tous cas maîtrisé de bout en bout. Ce sont par exemple des cuivres renforcent l’intensité de Humans. Et un instrumental (Tsuxiit) ravira ceux qu’intéresse la façon de placer une batterie sur un morceau. Les autres aussi, qu’on se rassure.

La performance est de ne jamais tomber dans les deux pièges tendus : le magma sonore et la tentation progressive. Ce qui permet au passage presque rappé sur fond de cuivres et de choeurs de Where There’s A Will There’s A Whalebone (super titre) de fonctionner. Pensons à du Belle and Sebastian ayant déserté le froid humide de Glasgow pour des contrées ensoleillées (Jogging Gorgeous Summer). Dans le même ordre d’idée d’image peut-être absconse : et s’il s’agissait de la version plus propre et américaine d’un dEUS ?

Cette musique qu’on devine cérébrale dans son élaboration (le dosage est trop précis pour être le fruit du hasard) apparaît cependant spontanée et naturelle. C’est par la réussite de toutes ces qualités parfois antinomiques que le charme de Islands opère presque à tous les coups. Si c’est clairement un cauchemar de critique (ça vous vous en êtes déjà rendus compte), c’est un plaisir d’auditeur et c’est finalement ça le plus important. (M.)

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