mardi 18 mars 2008, par
Toi aussi apprends la géographie avec DeVotchKa
Il semblait écrit que je devais découvrir DeVotchKa un de ces jours. La proximité de ce groupe avec beaucoup de mes références rendait la rencontre presque inévitable. Il a quand même fallu attendre cette actualité pour mettre du son sur le nom du groupe de Denver.
Joyeux et décomplexé, c’est comme cela qu’on voit le monde de Devotchka dès Basso Profundo. Si ce n’est pas à vraiment parler de la musique du monde, les emprunts débordent largement du cadre américain. Ils ont en effet convoqué les fanfares de l’est comme Beirut (Comrade Z), des accents mariachis comme Calexico, des accents hispanisants qui évoqueront les Négresses Vertes aux francophones (Head Honcho), voire la mélancolie vintage d’un Yann Tiersen (le court Strizzalo). Il est certain que ces deux derniers points de comparaison ne font pas partie de leurs références objectives.
Le chant, qui se situe entre le vibrato de Zach Condon et le maniérisme de Neil Hannon puisque Transliterator ou Along The Way n’auraient pas déparé le Promenade de Divine Comedy, nous fait comprendre en creux à quel point Win Butler dégage du charisme. C’est peut-être ce petit je-ne-sais-quoi qui manque à cet album. C’est en tous cas impeccable dans l’interprétation, même si l’instrumental Comrade Z est proprement incapable de m’enflammer. Mais peut-être que le but n’est pas là. On sent que tout est là pour qu’un Clockwise Witness décolle, mais à l’inverse d’un My Latest Novel,ils ne sont pas là pour allumer les derniers étages de la fusée.
Il y a évidemment des chansons qui fonctionnent mieux que bien. Je suis spécialement sensible à leur élégance classieuse au violon (Undone) mais ma préférence va sans l’ombre d’une hésitation à New World et sa langueur, ses violons finaux, sa mélodie qui me sont chaque fois restés dans l’oreille longtemps après avoir refermé l’album. Pourquoi la placer tout en fin comme beaucoup (Wilco, Girls In Hawai). Le mélange entre un discret clavier plus moderne et des instruments plus traditionnels peut également, le temps de Transliterator, montrer qu’il y a du talent derrière tout ça.
La grande qualité de Devotchka est aussi sa lacune. Sa facilité d’écoute, sa distinction naturelle manque d’un peu d’épice. Il n’en reste pas moins qu’il serait idiot de snober un album agréable de bout en bout. Mais la catégorie regorge de tellement de bonnes choses que leur légèreté pourra en pâtir. Espérons que ce ne sera pas le cas.
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