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Lilly Wood & the Prick - Invincible Friends

mercredi 1er décembre 2010, par Laurent

Entre deux


Arrivé sur ma platine au printemps, vite oublié parmi les frivolités estivales, l’album de Lilly Wood & the Prick a tenté quelques timides retours en automne, toujours discrètement présent dans mes listes de lecture sur foi de quelques tubes en puissance jamais transformés en amis pour la vie. Et pourtant, au milieu des premiers flocons de neige qui annoncent un nouvel hiver toujours plus long et rigoureux, la chaleureuse mélancolie de Prayer in C révèle comme l’âtre élémentaire auprès duquel il fait bon voir crépiter ses souvenirs. Ce je-ne-sais-quoi de réconfort dont Cocoon s’est simplement montré incapable, cette comptine plus épilogue qui va bercer nos soirées à redouter la neige.

Un garçon et une fille, français anglophiles, le cliché est connu pour faire les beaux jours des bobos et des banques qui promeuvent leur futur crédit hypothécaire. Si avec ça, ils ne reçoivent pas une standing ovation à Taratata, on est prêt à revendre sa Twingo. Sauf qu’au-delà du pop-rock pétillant qui n’a pas à rougir devant The Dø (Hey It’s OK, No No (Kids), Down the Drain, soit un contagieux trio d’ouverture en mode Chrissie Hynde de synthèse), il y a aussi une poignée de titres downer-tempo où l’orgue Hammond domine régulièrement les débats (Cover My Face) : ballades aériennes mais poussiéreuses à la Tom Petty (Little Johnny, Water Ran), tentatives soul désincarnées (Hopeless Kids) ou complaintes schizophrènes (Hymn to My Invisible Friend).

Jamais totalement conscient de ses propres frontières, “Invincible Friends” oscille en permanence entre l’essentiel et le superflu, et pour cette dose bienvenue d’ambiguïté, il aura sans doute lui-même du mal à savoir à quel public il est destiné. En bonus track, la reprise rétro acoustique de L.E.S. Artistes – le tube de Santogold, si si – ne fait d’ailleurs pas vraiment avancer le schmilblick, loin s’en faut (sinon, si vous voulez briller en société, dites plutôt Santigold).

Régulièrement croisé dans les bacs des soldeurs depuis qu’il a pour la première fois fait vibrer mes baffles, voilà pourtant un disque qui récompensera les patients et pourrait mettre un peu de baume au cœur des frileux. On est clairement plus dans le sympathique que dans le génial, mais souvent le génie épuise. Entre deux crus supérieurs, on n’est jamais mieux étanché que par ce genre de douceur sans prétention ; entre deux étés, on n’est jamais mieux réchauffé qu’au creux de quelques bras fragiles.


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