lundi 31 janvier 2011, par
Chou vert et vert chou
Dans “Chapeau melon et bottes de cuir”, Emma Peel masquait sous ses charmes un redoutable savoir-faire en matière de coups et blessures. Sans botter le cuir de qui que ce soit – et encore moins leur prendre le melon – la Londonienne Hannah Peel fait preuve du même tempérament fallacieux. Derrière ses chansons, si coquettes en apparence, se cache en effet une belle machine à faire tourner les têtes et, à l’occasion, y inséminer quelques bribes de mélodies indélébiles.
Cela dit, outre ses qualités d’enquêteuse de choc, Emma Peel pouvait s’appuyer sur un atout non négligeable : à une époque où la descendance des suffragettes luttait pour le libre accès à la pilule contraceptive, ce parangon de femme libérée était, peu ou prou, unique en son genre. Et son expertise en tabassage viril représentait l’émancipation sexuelle dans toute sa primeur, son fantasme même. Or, lorsqu’on s’appelle Hannah Peel et qu’on officie dans le registre de la chanson aérienne acidulée, on doit pouvoir faire face à une tout autre menace : la saturation du marché.
C’est qu’elles se bousculent au portillon, les mignonnettes capables d’écrire du tube sucré à la chaîne – haute-fidélité, la chaîne. Honnêtement, laquelle des 52 semaines que compte une année ne nous aura pas présenté une nouvelle auteure-compositrice-interprète au répertoire aussi ravissant que le minois ? Les moins ouvertement candides s’en sortent généralement à coups de production ingénieuse ou d’attitude intransigeante, mais la plupart travaillent au charme et, parce qu’on n’y est jamais insensible, on succombe bien souvent.
Qu’est-ce qu’Hannah Peel, dans le grand couvent de la pop futée où ses sœurs conversent, a à proposer de plus que ses coreligionnaires ? Pourquoi elle, et pas Sarah Blasko ? Alice Lewis ? Nina Kinert ? Ou encore, pour ceux qui ne souffrent d’aucun trouble de la mémoire immédiate, Lia Ices ? Eh bien, à dire vrai... il n’y a aucune raison particulière de faire pencher la balance au bénéfice de la belle Anglaise, ni ses gracieuses reprises new wave à la boîte à musique (l’EP “Rebox”), ni son écriture de qualité supérieure.
À jouer à Peel ou face, on se retrouve entre chou vert et vert chou, mais Hannah n’est pas moins chou qu’une autre et si les noms précités vous ont quelque peu titillé(e), sachez en tout cas que vous retirerez autant de plaisir à l’écoute de ce premier album que vous n’avez pu en éprouver par le passé dans les cloîtres voisins. Après la nouvelle vague, donc, cette “vague brisée” contient son lot de ballades joliment ourlées, régulièrement guidées par le piano mais toujours agrémentées de fines touches ornementales qui les rendent longues en bouche.
Il faut surtout souligner la maturité peu commune de ce premier essai, dont aucun morceau n’outrepasse réellement le lot mais où chacun sait se faire mémorable au terme d’une poignée d’écoutes attentives. À défaut donc de pointer là un disque singulier, on saluera une fois de plus l’émergence d’un nouveau talent méritoire, en espérant avoir intercepté au passage quelques-uns de ses futurs laudateurs. Pendant ce temps, au volant de sa Lotus, Emma Peel roule en direction d’aventures plus excitantes ; mais à sa sensualité maroquine on préférera, aujourd’hui au moins, le soyeux des ballerines.
On est encore plus emballé dans la jungle palombienne...
Quand on retient un nom des années et des centaines de critiques plus tard, c’est plutôt bon signe, non ? C’est ce qui s’est passé avec Nadine Khouri dont l’écho de The Salted Air résonne encore à l’heure de découvrir cet Another Life. Ce n’est pas qu’il était flashy pourtant, ou que le style soit si singulier. Mais les morceaux font leur chemin tout seuls. Il y a des artistes qui font ça mieux, c’est comme (...)
Avec 17 ans de bons et loyaux services, ce site a forcément vécu bien des découvertes d’artistes à leurs débuts. Certains ont filé à travers les filets lâches de la mémoire, d’autres sont restés vissés en permanence dans le champ des radars. Evidemment le groupe allemand Get Well Soon fait résolument partie de la seconde catégorie. On a suivi de très près leur évolution, concert après album. On sait aussi (...)
Les albums de Lana del Rey se succèdent à une telle vitesse qu’il n’est plus vraiment nécessaire de replanter le décor. Il ne s’est écoulé que sept mois depuis le précédent. Ce rythme de publication permet d’essayer des choses. Evidemment, le risque de dispersion est réel mais on ne doit rien déplorer dans ce secteur non plus. Notons aussi qu’un bon tiers de ces morceaux ont été composés il y a quelques (...)
Faut-il remplacer les artistes, leur trouver à tout prix des substituts ? Non évidemment, ce serait négliger leur singularité. Pourtant, on peut trouver dans une découverte le prolongement de ce qu’on a autrefois aimé ailleurs. Ne tournons pas inutilement autour du pot, le Lyonnais Nicolas Gasparotto nous ramène immédiatement auprès du regretté Nick Talbot (Gravenhurst) et il va de soi que c’est une (...)