mercredi 29 janvier 2014, par
« We’re coming from an island called Montreal. We make a lot of noise ‘cause we love each other.”
C’est une voix d’enfant ; celle d’Ezra, le fils des membres Jessica Moss et Efrim Menuck, qui ouvre le nouvel album de Thee Silver Mt Zion Memorial Orchestra. Ce qui suit est bien moins infantile et mignon, et pousse les vu-mètres dans le rouge. Fuck Off Get Free (For The Island Of Montreal) est épique, terrifiant, avec ce qu’il fait de lourdeur (cette variation aux deux tiers !) et ces chœurs qui font toujours mouche. Il se place dans la lignée logique de ce qu’on a pu entendre d’eux récemment mais avec ce petit supplément difficile à quantifier d’envie et de mordant.
Il faut dire que Kollaps Tradixionales et l’EP The West Will Rise again avaient annoncé la couleur, celle de l’orage électrique. Mais sur ces deux publications, on avait pensé que si leur évolution était louable, elle n’avait pas encore trouvé les grands morceaux pour l’incarner. Voilà, c’est chose faite. De cet EP vendu lors de leur dernière tournée survit encore What We Loved Was Not Enough dont la trame lancinante et répétitive trouve un meilleur environnement ici.
Un des moyens les plus surs d’identifier un groupe de post-rock est l’énergie qu’il met à nier cette étiquette. Dans le cas du collectif à géométrie variable de Montréal, cette négation est bien plus légitime et le devient de plus en plus pertinente. Si plusieurs membres dont le guitariste/chanteur Efrim Menuck font aussi partie du collectif Godspeed You Black Emperor, c’est le son, le style de production qui sont communs, pas le résultat. En raccourci, on pourrait dire qu’ils essaient d’en encapsuler l’esprit dans un format plus ‘chanson’ Les guillemets sont de rigueur, trois des six derniers morceaux dépassant allègrement les dix minutes. On retrouve chez eux l’entrain, la liberté qui nous manque chez Arcade Fire depuis qu’ils ont décidé de devenir un immense groupe un peu distant.
Ce qui est plus marquant, c’est que s’il y a des montées, il n’y a que peu de descentes, presque plus de respirations et écouter le tour réclame d’être dans la disposition adéquate. Austerity Blues se révèle un peu plus crevant sur la longueur, un peu comme l’excellent mais éreintant exercice de Sailors With Wax Wings. Mais s’ils arrivent à y placer une accélération, on a droit aussi à une petite pause. Après l’étreinte continue de Take Away These Grave Blues, le court Little Ones Run vient apporter une respiration bienvenue.
Par rapport au passé récent, c’est un peu pareil, mais en mieux. Cet album est un peu celui qu’on était en droit d’attendre de leur part. Rien ne change fondamentalement, mais tout est plus cohérent, abordé avec une envie plus grande, une volonté d’en découdre parfois éreintante mais salutaire.
On a constaté récemment que le talent de Spencer Krug s’exprime le mieux dans deux pôles opposés. Le premier est plus sobre, en piano-voix souvent et dégage une émotion certaine. L’autre est plus épique et peut prendre des formes diverses, plus électriques et incandescentes avec Dan Boeckner au sein de Wolf Parade, plus synthétique quand Moonface rencontre les Finnois de Siinai. Ou alors plus (…)
Il y a sans doute une schizophrénie musicale chez Spencer Krug, et sa créativité peut prendre tellement de formes qu’on n’est jamais à l’abri d’une surprise. Donc, pendant les sessions de répétition de Wolf Parade, il a en un jour réenregistré en version piano-voix ls morceaux de son album [Twenty Twenty Twenty One]->2609] qui venait de sortir. Cette sortie qui précède de peu le retour de (…)
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Dans le cas du groupe Canadien, ce n’est pas exactement un retour vu qu’ils sont dans une période plutôt (…)
Les carrières de Spencer Krug et Dan Boeckner n’en finissent plus de se croiser. Ainsi, après Wolf Parade (leur groupe commun), Handsome Furs, Divine Fits et Operators, le voici qui utilise également son nom pour la suite de sa carrière (solo). On a beau retrouver un univers musical très familier, ceci n’est pas exactement identique à ce qu’on lui connait déjà.
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