lundi 8 octobre 2018, par
Moins d’une minute, c’est ce qu’il a fallu à Conor O’Brien pour qu’on se rappelle pourquoi on le suit depuis cette soirée de Belfast où on l’avait découvert seul à la guitare ouvrir la scène pour Owen Pallett. Again est dense, délicat comme il faut avec le son tout juste pas pompier qu’il faut. Certains artistes trouvent le chemin de votre âme avec assurance et rapidité et il a ce don-là. C’est toujours un plaisir et une immense facilité de trouver une porte d’accès aussi aisée à un album. Il sait qu’on n’a qu’une occasion de faire une première bonne impression et commencer un album de la sorte, c’est assurer les écoutes successives.
On avait pourtant ressenti à l’écoute de ses deux albums précédents construits autour des mêmes compositions qu’il allait virer vers une forme plus classique et dépouillée. Il n’en est visiblement rien. Surtout si on considère l’utilisation de synthés vintage mais discrets, comme ceux que Sufjan Stevens. Les audaces formelles sont un peu différentes, avec des samples vocaux sur Love Came With All that It Brings et de l’électronique tendance blip-blip (par opposition à l’adjonction de beats aussi connu sous le nom d’électronique boum-boum) sur Real Go-Getter, morceau qui maintient sa douceur. A Trick Of The Light est certes plus classique. Il fallait bien laisser retomber cette pression après le brillant début. Forcément, l’album se tasse un peu en son milieu.
Comme c’est plus ample, il y a plein de couches et il a fallu préserver une certaine légèreté. Il faudra donc prendre Long Time Waiting pour la pièce complexe et très légère qu’elle est, quitte à ne pas adhérer pour ceux qui ont tant aimé la chaleur plus dépouillée de ses premiers albums. Les synthés bien prog pouvant perdre quelques auditeurs en route. On se compterait dans ceux-là. A l’inverse, Sweet Saviour nous prend presque par surprise, serrant son étreinte de cordes à notre insu.
S’il est une chose qu’on adore, c’est suivre l’évolution des artistes. Evidemment, le risque de les voir s’éloigner de ce qui nous a rapprochés d’eux est grand mais il faut le prendre pour avoir la chance de les voir prendre un envol presqu’inéluctable. On avait senti sur le duo Darling Arithmetic/Where Have You Been All My Life que Conor O’Bien était dans une période de transition dont il est visiblement sorti, renforcé dans ses choix qu’il assume. Quitte à perdre quelques fans du début dans le processus, rebutés qu’ils pourraient être par quelques délires un peu prog et un son très lisse. Mais il reste pour tous le magistral morceau d’ouverture.
Le circuit court est un principe vertueux qui doit s’appliquer à la musique aussi. Ceci a beau être un premier EP, quatre morceaux étant sortis déjà, la surprise est un peu éventée et l’attente attisée. On attendait cette première publication d’importance pour faire un premier point et il est éminemment positif.
Dans la lignée d’une Phoebe Bridgers qui se confirme comme la figure tutélaire (…)
On vous avait déjà parlé de musiques de films, de séries, de documentaires, de spectacles de danse, d’installations et même de restaurants, on inaugure la musique de cirque. Dans le genre, difficile de faire plus raccord que le premier album de Beirut avec ses cuivres balkaniques. Mais le temps a passé et Zach Condon a consacré énormément d’efforts à sortir ce cet étroit carcan musical. Et ce (…)
C’est un chant doux et du piano qu’on entend sur le beau Mater qui lance cet album. Puis les choeurs évoquent plus le classique contemporain. Ce premier brillant morceau fait plus que planter le décor, il anticipe la diversité de ce qu’on entendra sur le sixième album de la musicienne Belge Valérie Leclerc.
Si les références littérales sont rares, on peut néanmoins la situer dans un (…)
Au départ de ce cinquième album de Bon Iver (ça se prononce à la française, on le rappelle) était l’EP SABLE qu’on retrouve en intégralité à l’entame de ce Sable, Fable. Tant mieux tant Things Behind Things behind Things avait plu. Sans revenir à la simplicité folk de For Emma, Forever Ago, il est assez limpide et immédiatement attachant. La guitare acoustique est bien de sortie sur S P E Y S (…)