vendredi 24 janvier 2020, par
Il y a tellement de groupes cultes qu’il est compliqué, voire impossible de se frotter à tous. C’est moche mais c’est comme ça. J’ai fini par trouver la porte d’entrée des Swans en me plongeant tête baissée dans leur copieuse discographie et bien honnêtement, si vous êtes tentés par l’expérience, il faut prendre son temps tant les écarts de style sont parfois grands. Cette découverte avait été entérinée par un concert impressionnant.
Michael Gira avait évoqué la fin d’un cycle pour The Glowing Man, à un tel point qu’on avait pensé à une nouvelle dissolution de la formation. Il n’en est heureusement rien et ce n’était finalement qu’une énième variation de line-up. Il a donc retrouvé nombre de ses anciens collaborateurs, notamment de sa formation Angels of Light plus d’autres comme Anna Von Hausswolf qui assure les choeurs avec sa soeur Maria ou Ben Frost (notamment auteur de la formidable bande-son de la série Dark).
Musicalement aussi, on note un changement. Ils ne se mettent pas à la disco à paillettes pour autant vous vous en doutez mais on ne retrouvera pas par exemple de morceau d’une demi-heure. Certes, il reste de longues plages répétitives comme Leaving Meaning mais elle est aérée par un piano, pour un morceau qui reste acoustique. On imagine Nick Cave dans le registre d’un Annaline plus apaisé.
Hanging Man est plus lancinant mais avec une lourdeur moindre que par le passé. Enfin, sur dix minutes, il a largement le temps de faire monter la pression, voire de la libérer par moments. Gira est évidemment souverain pour moduler sa déclamation, pour osciller entre transe chamanique et imprécation. Mais l’exercice se révèle un peu moins impressionnant (moins exigeant, aussi) que sur les moments équivalents de The Glowing Man. Sunfucker peut ainsi virer en son milieu après un début mêlant répétition, des choeurs et plus d’allant.
Le ton d’Amnesia nous ramène à des musiques comme Current 93. Ne vous laissez donc pas tromper par les arpèges acoustiques, il y a des surprises au détour du morceau. Comme David Tibet ou Jamie Stewart, Gira n’est pas un garçon vraiment apaisé au final.
Cette relative accessibilité montre sans doute aussi un peu les limites du style et rend paradoxalement plus compliqué de l’avaler d’une traite puisque l’attention n’est plus captée en permanence. On ne note par exemple que peu d’enjeu sur Cathedrals Of Heaven et l’enchaînement de morceaux de plus de dix minutes sur trois ou quatre accords ad lib est rendue moins gratifiante sans la terrifiante lourdeur. Mais les grands moments sont là, sur le lancinant et efficace Some New Things ou le mélodique et enlevé What Is This relevé de cordes. Leurs textures sonores restent d’ailleurs riches mais jamais trop chargées malgré le casting pléthorique.
Un tigre qui n’est pas effrayant, c’est un gros chat. C’est un bien bel animal, mais qui n’a pas l’aura de son cousin sauvage. Moins impressionnant, moins exigeant aussi, ce Leaving Meaning mettait pourtant beaucoup de chances de son côté pour servir de porte d’entrée à la monumentale discographie de Michael Gira. N’allez pas en déduire que c’est pop et enjoué pour autant, il s’est entouré d’une belle équipe de spécialistes et d’habitués. Mais sachez aussi que le pouvoir de fascination est moins élevé, comme si la lourdeur un peu imposante était nécessaire pour que le style fonctionne.
Difficile de revenir après plusieurs années d’absence, surtout si on était associé à un courant qui s’est un peu éteint. C’est en effet dans la vague freak-folk, mêlant écriture et musique aérienne et organique à la fois qu’on avait placé DM Stith. Avec son pote Sufjan Stevens ou autres Grizzly Bear, il était même un des plus éminents représentants de ce style qui nous a valu bien du plaisir.
Toujours aussi (...)
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