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Cecilia::Eyes : Echoes From The Attic

lundi 28 août 2006, par marc


Groupe hennuyer, Cecilia::Eyes propose ses premières compositions sur ce EP. S’il s’agit bel et bien d’un mini-album essentiellement post-rock, l’introduction du premier morceau fait penser à du Placebo. Ce qui n’est pas obligatoirement un gros mot. C’est en tous cas ici suffisamment enlevé pour que le tout puisse rester instrumental.

C’est avec le second morceau (Goodbye The Sky) qu’on en vient à penser à Explosions in The Sky. Les mêmes cassures rythmiques, les guitares suraiguës, tout nous ramène chez les modèles texans et cette influence traverse tout l’album. Mais le niveau mélodique se doit d’être fort bon pour soutenir la comparaison. Fort heureusement, c’est le cas ici. La limpidité est au rendez-vous. C’est le paradoxe de cet EP : le niveau est élevé et surtout le reste quelles que soient les circonstances mais l’existence d’antécédents aussi flagrants interpelle.

Le titre Play s’embarque dans des paysages rythmiques plus inhabituels pour les traditionnelles slow-fast-slow-fast du post-rock. Encore une fois, la concision du morceau permet de maintenir intact l’intérêt. Il existe aussi une version de The Airscrew Part.1&2 avec une voix. Même si elle est jolie, on a du mal à l’appréhender autrement que comme un dispensable gadget. On pense à une version soft de Liz Fraser (Chanteuse des Cocteau Twins qui a récemment collaboré avec Massive Attack ou Yann Tiersen). La musique telle que la pratique Cecilia eyes pour le moment n’a pas besoin de cet artifice. Surtout que l’émotion demanderait soit plus de bizarrerie (une voix à la Alison Shaw des Cranes) soit plus d’intensité (Miranda Sex Garden). On sent de plus que le morceau a été composé pour être instrumental, qu’il a sa structure propre. On ne pourrait pas prendre The Airscrew Part.1&2 instrumental (morceau au demeurant réussi) pour la version Karaoké de l’autre.

Par pure cruauté mentale, je l’ai soumis au crash-test ultime : la juxtaposition avec les modèles. Et sauf à considérer des moments qui sont même inaccessibles à Mogwai (comme First Breath After Coma ou The Moon Is Down qui font partie de ma play-list idéale toutes catégories confondues), on ne ressent pas de choc, ce qui est une preuve patente de réussite. Reste l’indéniable antériorité.

Ne perdons pas de vue le côté inhabituel de ce qui est critiqué ici, c’est-à-dire un premier EP autoproduit d’un groupe amateur. Vu sous cet angle-là, la qualité de l’interprétation et la production imposent le respect. De même, les morceaux restent souvent sinon courts, du moins d’une longueur raisonnable. Je vois cette volonté de ne pas délayer les compositions comme une preuve de maturité. Aucun morceau ne lasse dès lors.

Il faudra donc tuer le père pour reprendre de la psychanalyse de comptoir. Couper le cordon ombilical si le champ lexical de la médecine est plus doux à vos oreilles. Mais les incursions notamment plus noisy permettent d’entrevoir de belles perspectives. Ces six titres tiennent parfaitement la route et l’essai est donc très encourageant. Je vous convie donc à prêter une oreille moins que discrète sur Cecilia Eyes. (M.)

    Article Ecrit par marc

P.-S.

Pour commander le Cd ou tout autre renseignement :
http://www.ceciliaeyes.be/

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