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Yeti Lane - The Echo Show

vendredi 23 mars 2012, par marc


Il semble qu’il y ait une volonté actuelle de revenir à l’excitation de la découverte de ces sons et de ses structures. C’est la première sensation qui m’est venue à l’écoute du second album du maintenant duo Yeti Lane.

Si vous vous demandez où placer ce cd dans votre imposante collection, vous aurez plus de chance de le retrouver si vous le mettez quelque part entre Film School (le très bon Echo Show y fait penser) ou Engineers d’un côté et M83, Ratatat ou Berg Sans Nipple, avec qui ils partagent le même producteur et la solidité des claviers. Avec ça, vous aurez un chouette portrait de famille, surtout si vous l’élargissez par des médications. En donnant des antidépresseurs à Deerhunter par exemple, ou du speed à Air.

On le voit, c’est un secteur encombré, qui n’a pas complètement percé dans le grand public, mais très vivace par ailleurs. Comme les musiques faciles à cerner (si on ose des étiquettes comme dream-pop kraut electro psychédélique du moins), la tentation est grande de penser que c’est également facile à faire. Ce qui peut faire la différence, c’est l’ampleur, et Analog Wheel en a indéniablement. C’est sans doute le morceau le plus emblématique, où leur palette s’exprime de la façon la plus large. Très old-school dans la façon de placer les sons progressivement, le morceau déroule alors des guitares sont impeccablement balancées, et on sent un bouillonnement krautrock sous-jacent. Le style, ce n’est qu’une trame, l’important c’est ce qu’on en fait. Et le son qui va avec. C’est par définition difficile à définir, mais ils possèdent un son propre, ainsi qu’une approche plus frontalement pop. . Il faut être fameusement décomplexé pour afficher comme ça une propension à la légèreté (Warning Sensations), à la rêverie (Alba et sa voix féminine), sans vouloir absolument coller à son époque par un son un peu sale.

L’énergie sauvée à ne pas être à la mode est consacrée à produire des moments plus forts (Dead Tired), quelques interludes musicaux qui apaisent. C’est une musique qui s’écoute en format album, pour les gens qui font encore ça (des gens comme vous et moi donc). Et ils nous quittent par le délire final de Faded Spectrum avec des pédales wah-wah déchainées.

Dire que tout ceci est d’une originalité folle serait un peu exagéré, et le nombre des références est un bon indicateur. Pourtant le plaisir est bien là, le son, reposant certes sur des bases connues, est personnel et traité intelligemment. Faut-il tenter tous les mélanges ? Celui d’une dream-pop mâtinée de french touch et relevée par un aplomb manifeste n’était visiblement pas encore tenté, et Yeti Lane l’a fait. Merci donc, pour nous avoir sorti de notre torpeur les matins où le café ne suffit pas.

http://www.yetilane.com

    Article Ecrit par marc

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2 Messages

  • grand papa 30 mars 2012 17:22, par roydanvers

    C’est drôle tes références, moi j’ai beaucoup aimé également, mais j’ai tout le temps pensé aux regrettés GRANDADDY... Bonjour chez vous. On se voit à OF MONTREAL par exemple ?

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    • grand papa 30 mars 2012 21:38, par Marc

      Disons qu’il y a eu pas mal de groupe dans le genre, mais que je n’associais pas Grandaddy à cette vague-là. Sans doute que l’approche plus ouvertement pop peut y faire penser en effet. Mais je dois avouer que je ne connais pas si bien...

      Je n’ai pas prévu d’aller voir Of Montreal pour le moment, mais qui sait ?

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