Accueil > Critiques > 2018

Beat K - Beat K

lundi 26 février 2018, par marc


« La musique, c’est le rythme. Ceux qui disent que c’est le son, ils lavent leurs pieds avec leurs chaussettes. »

On laissera à Arnola responsabilité de ces propos surtout que dans le cas de l’album qui nous occupe, on est bien obligés de s’inscrire en faux. Partiellement à tout le moins. Parce que ce si qui fait le sel de cet album de Beat K c’est la présence constante d’un beat bien solide et varié, cette variété est apportée par le son.

Finalement, on l’aime bien cette tendance au minimalisme biographique. De ce duo, on sait juste qu’il est européen et on n’en demandera pas plus. C’est Home qui est le morceau qui nous avait donné envie, avec son beat bourré d’écho et une allure pop bien fraîche. Avec en illustration sonore un des plus fendards montages bidons parmi les montages bidons. On retrouve d’ailleurs plusieurs allusions aux Beatles semées au long de l’album.

Cet art poussé du beat les rapproche dans l’esprit d’autres sorciers comme The/Das dont on a abondamment commenté la réussite récemment. On a la même verve sans avoir l’air d’y toucher sur A New Spring. Il n’est pas interdit non plus de les considérer comme le chaînon manquant entre Pantha Du Prince (l’amour des cloches réverbérées) et Moby (pour les nappes de synthés très simples parfois). Du premier cité on note aussi la même façon de maintenir l’élan par des micro-variations et un beau foisonnement sous-jacent.

Si les rythmiques sont plus brutes sur Baden Baden, il y a des nappes pour adoucir le tout. Cela dit, ils peuvent aussi assumer leur délire sur Cha Cha Cha, pratiquant l’IDM comme du Caribou première époque. Si c’est parfois un peu plus rentre-dedans (Mkelle), on n’atteint pas la cote d’alerte WTF de, disons, Dan Deacon. Ils nous quittent d’ailleurs par un morceau au piano très ambient qui nous fait penser que le massage, c’est pour bientôt.

Il est toujours bien plaisant de voir que l’adjonction de beats reste une science maitrisée par des esthètes compétents. En faisant reposer les rythmiques sur des sons qui empruntent plus à un pan de l’electro minimale ou de l’IDM qu’à de l’EDM courante (la voyelle fait une énorme différence), Beat K livre un album pop bien frais qui devrait vous plaire.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Magnetic Rust - Reject

    Un peu de distraction et hop, on laisse passer deux albums. C’est ce qui est arrivé depuis La Chute de Magnetic Rust, nom de guerre du Nordiste Kevin Depoorter. On peut le déclarer maintenant, on ne laissera plus passer l’occasion. Parce que cet album confirme tout ce qu’on en pensait tout en complétant son univers.
    Lequel n’est pas si facile à cerner d’ailleurs. Si ce n’est pas frontalement de (...)

  • Romy - Mid-Air

    The XX, c’était un petit miracle d’équilibre. Les exercices solo de ses trois membres le confirment, c’était simplement une conjonction de surdoués. Voici donc le premier album de Romy, chanteuse et guitariste de la formation et on retrouve sa voix impeccablement mise en évidence. On en vient à penser que c’est la voix elle-même qui a les qualités requises
    On a toujours avoué notre attachement à cette (...)

  • Róisín Murphy - Hit Parade

    On a déjà exprimé nos sentiments contradictoires pour cette artiste qui ne l’est pas moins. Elle est aussi comme ça, entre figure qu’on pourrait rencontrer dans un pub et art contemporain. Et sa musique le reflète aussi, avec des tendances disco directes mais toujours tordues.
    Son premier album pour le label Ninja Tune s’annonce avec une pochette assez hénaurme qui donne une idée de la confiance qui (...)

  • The Cry – The Cry

    On le répète souvent parce qu’on est chaque fois surpris de l’omniprésence de la musicienne française Christine Ott. Et sa productivité est aussi surprenante. Ainsi, six mois après le second album de Snowdrops et l’ayant croisé récemment en solo ou avec Theodore Wild Ride, la voici dans un nouveau projet. Ce n’est jamais pareil, seule l’exigence et la qualité sont constantes. Aussi ce mélange de tortueux (...)

  • Louis Jucker et Le Nouvel Ensemble Contemporain (NEC) - Suitcase (...)

    Alors que son comparse au sein des turbulents Coilguns, Jonathan Nido, nous propose avec Trounce l’expérience musicale la plus extrême de l’existence de ce vénérable site (on vous en reparle), Louis Jucker sort pour sa part un album intrigant et apaisé qu’il nous a été facile d’apprécier. Les deux sont aussi des personnes centrales du label helvétique Hummus qui abrite aussi Camilla Sparksss ou Quentin (...)

  • Mick Harvey and Amanda Acevedo - Phantasmagoria In Blue

    Quitte à paraître un tantinet pédagogique, un petit rappel des faits n’est pas superflu. Membre des Bad Seeds, auteur de quelques musiques de film vraiment envoûtantes auprès de Nick Cave, Blixa Bargeld et Anita Lane, Mick Harvey s’était aussi distingué par des reprises haut-de-gamme et anglophiles de Serge Gainsbourg. Ajoutons quelques albums solo de très bon aloi et vous comprendrez pourquoi on a (...)

  • Lauren Auder - The Infinite Spine

    La musique, ça ne fonctionne pas comme les champignons, partager ses découvertes et leur origine est un plaisir. On en profite pour rappeler l’existence de ce nid à surprises. Et la chanteuse Lauren Auder en ménage pas mal. Il y a en effet chez elle de la profondeur et du spectacle. On le constate dès l’entame de 118 ou alors au détour de la puissance tranquille de Datta920.
    Il y a aussi un sens de (...)

  • Caesar Spencer - Get Out Into Yourself

    Anglais né au Pérou, Caesar Spencer réside aujourd’hui en France. Une origine qui lui permet de présenter un mélange subtil entre traditions anglo-saxonne et française s’était déjà retrouvé sur Maxwell Farrington et le Superhomard. Disons-le d’emblée, la voix est un peu plus assurée ici et est une des points positifs de cet album. Nous verrons qu’il y en a bien d’autres.
    Le morceau introductif est un peu (...)