jeudi 14 mai 2009, par
Annie vous invite
C’était il y a un an et demi. J’avais apprécié sans plus un premier album de pop complexe, aux mélodies souvent compliquées, avec un son tantôt soyeux tantôt râpeux. Et qui n’hésitait pas à aller lorgner du côté du plus sirupeux. Et puis il y a eu ce concert, qui a défoncé pour moi les portes que je n’avais pas su ouvrir. Ce petit bout de femme dégage en effet en live une impression de subtilité et de puissance, allié à une douceur à toute épreuve qui a transformé ce qui devait être un routinier dernier concert de l’année en un de ses sommets. Depuis, je suis revenu sur l’album avec un autre point de vue et le nom d’Annie Clark (membre des pléthoriques Polyphonic Spree et collaboratrice de Sufjan Stevens) qui est derrière cet étrange pseudo est pointe comme un grand talent à suivre. Faut-il toujours la suivre ? Nous a-t-elle semés ? S’est-elle perdue ?
Les premières écoutes, il faut le dire, ne m’ont pas vraiment permis de me replonger dans les charmes de cette musique finalement singulière. Mais le voile se déchirera bien vite et le plaisir reprendra le dessus.
J’essaie de moins en moins de présenter des artistes en les comparant aux autres, et de jouer au jeu des sept erreurs sur les morceaux en en évoquant de plus ou moins proches. Annie Clark va me faciliter le procédé. En effet, il n’y a aucune référence vraiment convaincante. D’autant que si tous les morceaux sont marqués du sceau de la même personnalité, il y a entre eux de vraies différences. Mais on peut néanmoins établir un parallèle. Si le son en est éloigné, on peut quand même rapprocher les envolées de St Vincent de celles d’un Grizzly Bear ou Department Of Eagles (Just The Same But Brand New, The Bed). Mais c’est plus dans la démarche décomplexée que dans la forme que j’y ai pensé. Surtout qu’il y a même ici de petites touches électroniques. Qui passent de discrètes (il faut bien tendre l’oreille parfois) à plus visibles (Marrow). Seule une Björk peut se permettre des excentricités pareilles. Mais tout est plus solide ici, et ne peut en aucun cas être confondu avec l’Islandaise.
Vous aurez remarqué au caractère flou des descriptions qu’elle figure dans la catégorie de ce que j’adore écouter mais dont je redoute la relation écrite de peur de mal appréhender ce style singulier. Qui s’est cependant affiné, puisqu’il est bien connu que les premiers albums tirent dans plus de directions. On constatera ici simplement que son goût pour les mélodies sucrées s’exprime moins. Pour le reste, sa touche reste intacte. Que ce soit sa belle voix affirmée, effrontée mais fragile, qui convient à tous les traitements. L’usage des chœurs est toujours un contrepoint intéressant et non conventionnel (Laughing With A Mouth Of Blood, Save Me From What I Want) et des inserts peuvent rehausser un morceau qui aurait pu être par trop linéaire (Actor Out Of Work).
A l’heure ou Bat For Lashes explose enfin, il serait heureux de voir Annie se révéler à la face du monde. Parce qu’on a besoin de douceur et d’originalité et que les deux sont présents ici avec une folie maitrisée. Evidemment, il y a parfois un côté « comédie musicale avec des problèmes dans sa tête » qui peut rebuter (The Sequel), mais d’une manière générale cette musique à plusieurs échelons de lecture est passionnante, langoureuse et soyeuse. Essayez St Vincent. Si vous pénétrez son univers, l’enchantement n’est pas loin.
Difficile de revenir après plusieurs années d’absence, surtout si on était associé à un courant qui s’est un peu éteint. C’est en effet dans la vague freak-folk, mêlant écriture et musique aérienne et organique à la fois qu’on avait placé DM Stith. Avec son pote Sufjan Stevens ou autres Grizzly Bear, il était même un des plus éminents représentants de ce style qui nous a valu bien du plaisir.
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