Accueil > Critiques > 2010

Our Broken Garden - Golden Sea

lundi 18 octobre 2010, par marc

A transformer


Derrière la pléthorique Suède, la Norvège ou le Danemark cachent bien des talents et des groupes qu’on aime. Cette Scandinavie nous veut décidément du bien comme en témoigne cet album du projet de la Danoise Anna Bronsted, occasionnelle claviériste d’Efterklang. Il n’y a pas qu’en musique électronique qu’un label est une quasi-garantie. Quand on voit qu’un groupe est sur Secretly Canadian (mon nom préféré), Sub Pop ou Bella Union (une petite liste wiki ne peut pas faire de tort) comme ici, l’attention est captée et souvent gratifiée.

De ce groupe je ne connaissais que le très joli EP Lost Sailor. Je l’avais écouté avec un plaisir certain et il était assez effacé, de ces musiques qui s’excusent presque d’être là. On s’attend donc à une suite de balades au piano. Elles sont au rendez-vous, certes, mais elles ne sont pas venues seules. Cette prise d’assurance est bienvenue mais pas toujours comme on le verra.

Il faut attendre le troisième morceau Garden Grow pour que le ton monte imperceptiblement. Cette tendance se confirme encore avec le très bon Fiery and Loud, sans doute le meilleur morceau présent, qui tire d’un violon une intensité plus grande. Elle apparaît autrement comme une Feist en version légère (The Burial), ou comme Bat For Lashes. Amusant de constater que j’ai pensé la même chose récemment d’Harrys Gym qui ont une autre puissance.

Mais il y a un flottement perceptible, d’autant plus frustrant qu’on devine que le potentiel n’est pas pleinement exploité. Seven Wild Horses se contente donc d’être léger et éthéré alors qu’il y avait pas mal de raisons d’espérer mieux. Share est aussi assez éloigné du principe voix-clavier mais n’est pas convaincant du tout, du fait d’une rythmique trop passe-partout. On aurait pensé que quinze ans de recul auraient aidé à ne plus donner dans le trip-hop mou du genou.

La voix d’Anna Bronsted n’est pas de celles qui hantent. Pourtant, servie sur un copieux lit d’écho, elle colle parfaitement à la musique, et on pense même à Marrissa Nadler sur Warriors Of Love, ce qui est un point de comparaison positif pour moi. Elle aurait quand même besoin d’un peu de support pour faire vivre The Darkred Roses.

Comme nous sommes très positifs au fond, on va dire que cet album suscite pas mal d’espoirs pas encore transformés. En s’éloignant de la facilité qui aurait donné une version longue du fort bon Lost Sailor, il prend des risques qui ne sont pas toujours assumés. Mais quand ça réussit, on se dit que nos oreilles ont potentiellement de beaux jours devant elles.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

2 Messages

  • Raoul Vignal – Shadow Bands

    On apprécie toujours le retour d’un ami de longue date, surtout s’il reste empreint d’une grande beauté. Comme on l’avait signalé à la sortie du précédent Years in Marble, il s’éloigne d’influences comme Nick Drake (avec un picking virtuose) pour favoriser un mid-tempo qui coule de source comme South, Brother qui relate ses retrouvailles avec son frère qui vit en Espagne. La finesse d’écriture (…)

  • The Golden Son - I am Who am I

    On l’a dit, on connait remarquablement peu d’artistes pour les plus de 2000 critiques écrites ici. Pourtant quelques camaraderies virtuelles ont pu se développer. A force de commenter les albums de The Imaginary Suitcase, j’ai même eu droit à une écoute préliminaire de cet album. Ceci est juste une petite mise au point au cas où vous viendrez fort légitimement douter de mon objectivité en la (…)

  • Bright Eyes - Five Dices All Threes

    Conor Oberst a aquis très tôt un statut culte, le genre dont il est compliqué de se dépêtrer. Lui qui se surprend ici à avoir vécu jusque 45 ans (il y est presque...) nous gratifie avec ses compagnons de route Mike Mogis et Nate Walcott d’un album qui suinte l’envie.
    Cette envie se retrouve notamment dans la mélodie très dylanienne d’El Capitan. On peut retrouver quelques préoccupations du (…)

  • Fink – Beauty In Your Wake

    Un écueil fréquent auquel se frottent les artistes à forte personnalité est la répétition. Quand on a un son bien défini, un univers particulier, les variations sont parfois trop subtiles pour être remarquées ou remarquables. Si vous avez écouté deux albums de Stereolab vous savez de quoi on veut parler. Si on identifie un morceau de Fink assez vite, il y a malgré tout suffisamment d’amplitude (…)