jeudi 23 février 2012, par
Changement en lenteur
S’il y a bien une chose qu’on ne peut pas reprocher à Islands, c’est l’immobilisme. Depuis la séparation des Unicorns, on a eu droit tour à tout à l’exubérance pop de Returns To The Sea, au rock héroïque d’Arm’s Way et à la pop vaporeuse (forcément) de Vapours. Plus question donc d’être surpris, surtout si en chemin on a écouté l’album de Mister Heavenly, projet parallèle de Honus de Man Man et Nick Thorburn, seul maitre à bord des attachants Islands. Les deux compères créaient pour l’occasion un genre qu’ils baptisèrent doom-wop. Si je vous rappelle tout ça, c’est parce que cette étrange façon de faire revivre le doo-wop des années ‘50 et ’60 sur un tempo très ralenti est une des composantes de ce quatrième album.
L’ambiance par contre est moins ludique que dans leur défoulement passé, la genèse d’A Sleep And A Forgetting comprenant une rupture et un isolement. Le genre de contexte pénible qui accouche souvent de réussites musicales, d’Of Montreal à Bon Iver. Comme pour mieux installer cette ambiance mélancolique, il nous accueille avec deux balades, assez belles d’ailleurs, In My Dreams It Felt Real et This Is Not a Song. Il est donc tentant de penser que les choses sérieuses commencent avec Never Go Solo mais il n’en est sans doute rien. En suivant la complexité de ce morceau, qui semble comme souvent chez eux suivre les méandres de la narration, on sait qu’on a été amené en douceur à appréhender cette apparente simplicité.
S’il y a quelques moments plus sautillants bienvenus avec Hallways ou le son d’harmonium de Can’t Feel My Face, le cœur de l’album n’est pas là, mais on y retrouve tout de même les mêmes peines de cœur, la difficulté d’une séparation et un pessimisme foncier. Sentiments qui s’expriment avec encore plus de force dans le très beau Lonely Love.
L’évolution d’Islands semble tellement logique quand on prend du recul sur leurs quatre albums que celui-ci est très prévisible, avec un corollaire agréable, celui de s’y abandonner tout de suite, sans tergiversation ni même de vraie surprise. Un album sympathique donc, mais pas dans l’acception condescendante du terme, cet album inspire vraiment la sympathie avec son talentueux auteur. Le risque est sans doute de passer à côté de cet album très discret et lisse si la connivence n’existait pas au préalable.
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