mardi 4 septembre 2007, par
Au pays de la luxuriance synthétique
Il y a plein de façons de dynamiter la pop. On a vu récemment ce que pouvaient en faire des gens comme Menomena. En beaucoup moins brut, l’excellent album précédent de Caribou (prête-nom de Daniel V. Snaith qui a aussi officié en tant que Manitoba), The Milk Of Human Kindness séduisait par l’explosion des frappes alors que le tempo de base reste imperturbable. On retrouve un peu moins cette caractéristique ici pour préserver l’intérêt d’abord, ensuite parce qu’il y a de nouveaux éléments comme on va le voir.
Comme trop souvent, on a recours aux glorieux aînés du Krautrock (Can en tête) pour avoir au moins une référence qui ressemble à quelque chose. Comme chez Fujiya et Miyagi (je suis plus client de ceci notez-le), cette linéarité tendue renvoie à la si influente Allemagne des années ’70. C’est cette tension sous-jacente qui rend Sundialing si convaincant, qui permet de garder l’intérêt et permettre de fausses variations.
Ce qui plaisait tant, c’était ces rythmes à la fois légers et très enlevés. Cela sentait bon l’exubérance et maintenait un état d’euphorie d’un bout à l’autre. Cette sensation a un peu disparu il faut bien le dire. C’est qu’on sent que sur cet album, la volonté d’évolution est patente. Plutôt qu’appliquer servilement des recettes efficaces, il a décidé de pousser plus loin ses procédés sur deux axes : la complexité et l’immédiateté. Ce sont deux qualités assez difficiles à obtenir simultanément et impose une écoute différente. Alors qu’avec l’opus précédent, j’avais été convaincu dès avant la fin de la première écoute, il faut en compter plusieurs avant que le souvenir du précédent s’estompe et que les subtiles richesses se révèlent.
Le morceau final Niobe est ce qu’on attend d’un titre de clôture : une du reste de l’album. On trouve donc le même foisonnement qui le rapproche souvent de Four Tet (le côté jazz excepté bien entendu), ce psychédélisme distillé à la sauce moderne. Evidemment, il y a aussi des titres gentils, mignons comme tout, mais un peu plus ternes malgré le nombre de couches superposées (Eli) qui tranchent avec les titres plus déroutants (Irene), rendant au clavier l’impression que laisse Only Shallow de My Bloody Valentine à la guitare.
Il faut le dire, la pop légère et savante (je veux dire composée tout seul) n’est pas exactement ce que je connais le mieux. On n’est plus à un grand écart près de toute façon. Après quelques écoutes, je n’étais pas encore convaincu. Sur le papier surtout, puisqu’alors qu’à la base, cette synth-pop pourrait se situer à des années-lumière des expérimentations d’autres patronymes animaliers qui se revendiquent (parfois) d’inspiration folk (Grizzly Bear, Animal Collective, Panda Bear), on retrouve beaucoup de similitudes quant au traitement des voix et à la façon de remettre au goût du jour des harmonies à la Beach Boys (Desiree dont le début évoquerait plutôt Eliott Smith). C’est cette façon presque abstraite de faire qui est si typique de l’instant qu’on vit. Caribou ne s’est donc pas coupé du monde et s’est tenu au courant des productions récentes.
Si vous n’avez pas encore The Milk Of Human Kindness, procurez-le vous sans plus attendre. Puis vous pourrez vous lancer sur cet Andorra de bonne tenue, certes, mais dévoilant ses charmes de façon moins évidente. Si tout n’est plus enthousiasmant, le désir d’exploration fait oublier les semi-réussites qui viennent de temps en temps légèrement ternir ce qui aurait pu être (et deviendra sans doute) un album marquant.
On l’avoue, on reçoit beaucoup de musique et vu la relative étroitesse des styles défendus ici, le tri est souvent vite fait. Et puis quand on écoute certains artistes à la marge de nos goûts, il se peut qu’on soit intrigués et que le contact se fasse. C’est ce qui s’est fait avec Florent Brack et le son d’Unstoppable qui claque. Une relative déconnexion de la vraie vie m’a tenu à l’écart des (…)
Non, ce n’est jamais la qualité moyenne d’un album pop qui frappe (sauf si elle est exceptionnellement élevée), on revient toujours sur un album pour les morceaux qui nous ont marqués, surtout en matière de musique pop. Même Si fait partie de ces morceaux immédiatement sympathiques, catchy en diable et confirme aussi une tendance très actuelle de mêler titres en français et en anglais, comme (…)
C’est la basse qui tient l’avant-scène de Fancy, qui lance cet album et cette pop tristoune comme on l’aime fonctionne en plein. Elle a aussi le mérite d’énoncer clairement les intentions de l’album puisqu’on dénote un virage plus synthétique pour la formation française, plus solaire aussi sans doute.
Ce qui nous vaut un album moins éclectique que par le passé mais pas uniforme pour autant. (…)
On avait déjà été séduits par la pop sucrée mais pas trop du duo. Les jumelles Miranda et Elektra Kilbey sont les filles de Steve Kilbey (de The Church) et de la musicienne suédoise Karin Jansson. The Church, d’ailleurs, est surtout connu pour Under The Milky Way, composé par les deux parents. On retrouve sur ce court album une version trop enrobée qui n’a pas la beauté de l’original. On (…)
Il est des artistes qui mieux que d’autres nous ont donné des envies d’ailleurs, de champs musicaux inexplorés. Pour les amateurs de rock au sens large, des gens comme Underworld ont été des passeurs, comme New Order avait pu l’être pour des gens (encore) plus âgés que nous.
Cette émancipation auditive était aussi bien ancrée dans son époque, et s’il n’est pas incroyable de retrouver le (…)
Le fond et la forme. La forme et le fond. Paroles et musique. La dualité est bien connue et on la retrouve ici, bien mise en avant sur ce premier album de Stéphane Loisel. Des mélanges sont encore à tenter et celui-ci a sa personnalité propre.
Sur la forme tout d’abord, on peut dire que c’est réussi puisque des versions instrumentales pourraient fonctionner. Italo-disco, electro, le (…)
Si le hasard ou l’habitude vous guident vers ces colonnes, c’est qu’une certaine curiosité musicale vous titille. Partant de ce postulat, on se permet souvent de plonger dans des pans plus aventureux de la musique, quitte à s’y perdre parfois. Cet album parait sur Ormo records qui nous avait déjà gratifié d’œuvres comme Alan Regardin ou No Tongues, défricheurs de possibles (ref belge) (…)
Lire une étiquette est une règle de bonne pratique avant d’ingurgiter quelque chose. Le nom de l’album du Milanais Lorenzo Parisini qui officie sous le nom de Bear of Bombay ne laisse planer que peu de doute quant à son contenu et on l’avale d’un coup d’un seul en parfaite connaissance de cause.
PsychoDreamElectroGaze donc... Tout est là, avec une densité certaine de Tears From Space, qui (…)