mardi 18 novembre 2008, par
Une fille de la bande
Comme c’est la frange qui va de Dominique A à Miossec en passant par Florent Marchet et Joseph d’Anvers qui est ce qui me plait le plus en chanson française, il est logique que je croise le chemin de Françoiz Breut, qui croise souvent dans les mêmes eaux.
Car on retrouve ici un style qui rappelle immanquablement Dominique A (collaborateur plus que fréquent d’ailleurs). Ou plus précisément ce qu’il faisait jusqu’à son excellent dernier album. Les mêmes mélodies qui ne semblent pas d’un premier abord être faites pour se siffloter mais correspondent aux chansons (Le Mouchoir De Poche), les mêmes accompagnements sèchement électriques mais jamais poisseux (L’Etincelle Et La Contrainte Du Feu), le même lyrisme paradoxal vu qu’il ne verse jamais dans l’excès.
Seule une expatriée chez nous peut name-dropper Drogenbos dans Dunkerque, morceau rocailleux. Son ambiance est un peu oppressante, à des lieues du confort ronronnant d’une certaine chanson française complaisante montre son talent et sa liberté. Et c’est là qu’on est surpris d’apprendre que c’est la première fois qu’elle écrit ces textes elle-même. Pas la dernière si vous voulez mon avis. Sa voix reste elle aussi belle et se voit seconder sur L’Etincelle Et La Contrainte Du Feu par celle d’une Carla qui n’est pas Bruni même si je l’ai cru un instant. Pour le reste, c’est les habitués Luc Rambo et Boris Gronemberger (V.O.).
Le meilleur morceau est sans conteste Les Jeunes Poussent, et son vrai souffle. Exécuté sur la scène de l’Ancienne Belgique, avec Calexico (Joey Burns est un ami), il montrait en tout cas un gros potentiel. C’est notamment cette prestation qui avait rappelé Françoiz à mon bon souvenir. Mais sur l’album, une fois que la voix s’efface, on constate que c’est la (bonne) ligne mélodique du chant qui tenait tout ensemble et la dernière minute semble ne pas avoir de ligne directrice (surtout si on le compare à des références comme Owen Palett). Evidemment, rien ne vient vraiment gâcher le plaisir, mais on voit qu’il manque un peu d’intensité. Il eut sans doute mieux valu arrêter le morceau avec le chant. Chicaneries, je vous l’accorde. Il y a d’autres grands moments comme Nébuleux Bonhomme qui renvoie aussi bien à Dominique A. ou même PJ Harvey par l’emploi de la guitare. Evidemment, ce n’est pas de la variété ou vraiment de la chanson, donc l’équilibre de la mise en avant des paroles ou de la musique est différent.
Et il y a aussi de jolies choses, délicates et subtiles comme la combinaison de cloches et de nappes de violon sur 2013 qui posent la voix et la renforcent. Ce n’est pas qu’un accompagnement et on est sur ce cas-là pas tellement loin de l’originalité d’une Saint-Vincent. L’effet secondaire occasionnel, c’est un morceau qui semble vivre sa propre vie (L’automne Avant L’heure).
Il faut un peu de patience pour aborder Françoiz Breut mais une fois cette fausse alacrité passée, on peut facilement se sentir à l’aise dans cet environnement humain, si humain. C’est qu’elle présente un univers si singulier qu’il serait dommage de passer à côté de cette conjonction rare d’une voix charmante et d’une musique plus puissante qu’il n’y parait. Prenez votre temps, la gratification est au bout.
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