Accueil > Critiques > 2014

First Aid Kit - Stay Gold

vendredi 25 juillet 2014, par marc


Lors d’une émission radiophonique, j’ai pu entendre un expert en musique se plaindre de l’uniformisation de la scène musicale, coupable selon lui de la perte de tous les intéressants particularismes locaux. Ce point de vue est très défendable, certes, mais quand il a pris pour exemple la variété suédoise, j’ai trouvé l’exemple particulièrement mal choisi. Parce que si le chant dans cette langue nordique se perd peu à peu (ce dont l’auditeur francophone se cogne un peu), on constate depuis fort longtemps une santé éclatante de cette très multiple scène qui est une des rares à exporter avec régularité ses talents. Alors, oui, Lykke Li, The Knife, Frida Hyvönen (voire ABBA ou Europe pour les moins mélomanes d’entre vous) chantent en anglais, mais leur origine apporte une fraicheur bienvenue et ils ont su porter leur talent au-delà de leurs frontières.

Pour les deux sœurs de First Aid Kit, la fusion dans l’élément américain est même carrément soufflante. Non seulement elles ont su progresser de plusieurs paliers à la fois, mais elles imposent maintenant un album qui sonne comme un classique instantané. Evidemment, elles profitent de la figure tutélaire de l’excellent Conor Oberst (elles crient comme lui sur Heaven Knows) avec qui elles partagent le producteur Mike Mogis, mais ces chansons-là, elles ne doivent rien à personne.

Parce qu’elles Jolies choses comme shattered & Hollow qui montre qu’elles n’ont pas besoin de grand’ chose pour séduire. Ça, on le savait déjà depuis qu’on les a découvertes par hasard un soir de Rotonde. Cette fois-ci, elles ont dû se dire que ce n’est pas parce qu’on peut se contenter de peu qu’il faut le faire. Les morceaux les plus emballants ici sont donc ceux qui sont le plus luxuriants (magnifique Stay Gold) parce qu’ils savent rester mélodiques.

La voix est toujours aussi plaisante, puissante et sans gouaille excessive. C’est peut-être ce dont nous gratifierait Zooey Deschanel si elle n’était pas caramélisée une fois pour toutes dans des années soixante rose bonbon. Elles chantent à l’unisson, sans utiliser de seconde voix et l’effet est toujours séduisant.

Les tenants radicaux d’un folk tout nu seront sans doute moins à la fête mais on se rend vite compte que c’est cette ampleur qui leur permet de s’exprimer au mieux. Leur progression apparait donc comme logique et linéaire. Cet album à la constance assez exceptionnelle rappelle que la force de l’Amérique est d’être une terre d’accueil.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Tomasso Varisco – These Gloves

    Les amis de nos amis (même récents) deviennent bien vite nos amis. En découvrant Stella Burns il y a peu, on ne savait pas que d’autres artistes se cachaient derrière comme Tommaso Varisco auquel Stella Burns prête ici main forte. Si ceci est moins marqué par l’americana mais c’est évidemment ce genre de terreau qui l’inspire. On est donc invités dans un road trip. Mais pas sur la route 66, ce périple (...)

  • Stella Burns - Long Walks in the Dark

    L’influence culturelle des Etats-Unis est telle que même les plus endémiques de ses expressions sont reprises partout dans le monde. Le cas de l’Americana est assez typique, on en retrouve des partisans tout autour du globe et c’est d’Italie que provient celui-ci, nommé Gianluca Maria Sorace mais officiant sous le nom de Stella Burns.
    Sa voix est belle et claire et reçoit aussi le renfort de Mick (...)

  • Harp - Albion

    Si le nom de Harp n’a jamais été évoqué ici, on connait bien l’instigateur de ce projet qui n’est autre que Tim Smith. Lui qui fut jusqu’au sublime The Courage of Others chanteur de Midlake a en effet quitté le groupe de Denton, Texas depuis belle lurette pour se lancer sur un autre chemin, accompagné de son épouse.
    Cette division cellulaire est un peu semblable à celle de Menomena qui a continué sa (...)

  • Séance de rattrapage #121 - Carmen Sea, Chris Garneau, Chistine (...)

    Carmen Sea – Sorry (EP)
    Parmi les inspirations étranges, le quatuor parisien Carmen Sea en a une qui détonne. Cet EP est en effet basé sur un accident routier qu’ils ont subi un soir de retour de concert. Ils s’en sont sortis indemnes et avec une énergie qui les a poussés à relater tout ça sur cet EP. Enfin, quand on dit ‘relater’ tout est relatif parce que la musique est essentiellement instrumentale. (...)

  • Josefin Runsteen - HANA Three bodies (Original Soundtrack)

    Même si on n’est pas exactement un service public, un peu de gai savoir s’impose parfois. Le Butoh est une danse de performance minimaliste créée au Japon en 1959. La danseuse suédoise Frauke a donc demandé à sa compatriote Josefin Runsteen de créer une bande-son pour une performance et c’est ce qui constitue l’objet musical du jour.
    La lisière entre les musiques électronique et classique est (...)

  • Annika and the Forest - Même la Nuit

    On l’avoue, un talent féminin éclectique et un peu électronique, c’est quelque chose qui nous plait. On peut penser à Bat For Lashes, Harrys Gym, Jeanne Added, Odd Beholder ou autres et on ajoutera donc la Suédoise Annika Grill et son troisième album.
    On est d’emblée mis à l’aise par un petit air de Metric dans leurs moments les plus gorgés de beats et de guitares combinées (Thinking Crazy). On (...)

  • Frida Hyvönen - Dream of Independance

    Ce n’est pas parce qu’une artiste nous a marqués fortement qu’elle ne peut pas échapper momentanément à notre radar. Ils faut dire que si certaines de ses productions plus récentes que son album d’il y a 9 ans ne se sont pas signalées, c’est aussi parce qu’elles étaient chantées en Suédois. Et puis la toute dernière fois qu’on l’avait aperçue, c’était aux côtés de First Aid Kit pour une soirée hommage à (...)

  • First Aid Kit - Ruins

    Elles en ont fait du chemin, les Suédoises de First Aid Kit. Il y a un peu plus de 8 ans, on les découvrait dans une petite Rotonde en ouverture de Megafaun et Port O’Brien et maintenant elles jouent à guichets fermés après une expatriation réussie aux Etats-Unis. La recette marche donc et les sœurs Klara et Johanna Söderberg n’ont visiblement pas l’intention de la changer. Deux voix à l’unisson, des (...)