lundi 6 octobre 2008, par
Au revoir Animal
Suivez Pitchfork qu’ils disaient. Leurs critiques, souvent très brillantes, manquent parfois de précision quand ils parlent de groupes que vous ne connaissez pas. Mais je me suis frotté à High Places et j’ai aimé ça comme vous allez le voir.
Peut-être que je m’avance un peu, mais c’est un peu ce son éthéré, composé de plusieurs couches, flottant, très difficile à décrire avec des mots mais facile à reconnaître à l’écoute (cette impression de bandes tombées dans la lessiveuse) qui est le son de ces dernières années. Quand les mélanges les plus dingues sont tentés et que de nouvelles niches apparaissent tous les jours sans que les anciennes ne disparaissent, voilà ce point de ralliement sonore, de Panda Bear à A Sunny Day In Glasgow, d’Atlas Sound à El Guincho, d’Animal Collective à Grizzly Bear. Enfin tout ce qu’on envisage sous le nom de weird folk, psyché-folk et autres étiquettes aussi imprécises que peu éclairantes. Si ces noms vous enthousiasment, vous vous devez de découvrir ceci. Si ce n’est fait évidemment, je n’ai pas des masses anticipé sur ce coup-là.
Ma première impression, c’est Au Revoir Simone qui chante pour Animal Collective. C’est qu’ils sont deux à la confection de ce premier album complet après une compilation de morceaux sortie cette année également. C’est revendiqué comme fait à la maison et les diverses sources sonores triturées proviennent parfois d’ustensiles usuels. Et la voix féminine est assez charmante, faussement naïve. Elle apporte la touche d’humanité nécessaire et les mélodies qui rendent ces chansons plus accessibles que bien d’autres productions du genre. L’incroyable tension du dernier album du trio de Brooklyn est moins présente certes mais j’oserais faire écouter ceci à plus de monde.
Parce qu’il y a plus de vraies mélodies et la voix n’est pas trop trafiquée (elle peut l’être beaucoup cependant comme sur Golden). Pour le reste, il y a cette pulsation paradoxale des musiques bidouillées. Ca ne sera jamais dansant au premier degré. Remixer ça en ajoutant des basses binaires, n’y pensez même pas. Quoiqu’il faudrait essayer pour être certain. Je vous propose Gold Coin si l’exercice vous tente. On approche parfois l’abstraction (Vision’s The First…) mais sans jamais tomber dans l’expérimental pur, plutôt dans la recherche du point ultime où on peut amener un morceau. Comme de bien entendu, il y a les incontournables morceaux instrumentaux (You In Forty Years, Papaya Years). Bien évidemment, si vous tombez dessus par hasard lors d’un shuffle des 10000 morceaux de votre ipod, vous aurez des surprises.
Bon, qu’est-ce qui pourra vous pousser à essayer à les écouter ? Le talent, assez bêtement. Une fois admises les hypothèses sonores de base, et d’autant plus facilement que les noms cités ici vous sont familiers, on entre très facilement dans cette musique aux contours flous, ou les notions de refrain ou couplet sont un peu abandonnées au profit d’une approche qui s’apparente à certains titres electro, où la voix vient renforcer sans phagocyter le reste (cas de la dance honnie). The Tree With Lights In It par exemple pourrait s’envisager à la sauce electro-pop. Mais non, c’est dans leur façon tellement particulière qui a été choisie. Et on peut s’en réjouir. Parce que c’est d’une désarmante efficacité. Parce que parfois, il y a un Golden qui s’énerve tout seul, comme ça, sans raison, du haut de ses deux minutes. Ou alors on se retrouve pris dans leurs filets sans avoir rien vu venir (Namer).
Au risque de me répéter, quand une musique est aventureuse mais à volonté de plaire vite, des morceaux courts et pas trop nombreux c’est l’idéal. On n’a pas le temps de se lasser et de toute façon leur singularité n’a pas besoin de temps pour éclater au grand jour. Laissez quand même passer le temps de quelques écoutes pour que ça infuse bien.
Encore une fois, il faut distinguer l’objet de l’intention et le résultat. Comme bon nombre de ses coreligionnaires, le résultat est assez convaincant sans pour autant laisser beaucoup de place à l’analyse. De plus, le plaisir d’écoute croit exponentiellement avec le nombre d’écoutes. Si vous êtes prêts à aborder un album pop (morceaux courts et mélodies envisageables), lumineux, mais pas toujours transparent, vous avez de quoi faire ici. Si pour vous, l’héroïsme, les rythmes binaires ou les passages à la radio sont indispensables, fuyez.
Difficile de revenir après plusieurs années d’absence, surtout si on était associé à un courant qui s’est un peu éteint. C’est en effet dans la vague freak-folk, mêlant écriture et musique aérienne et organique à la fois qu’on avait placé DM Stith. Avec son pote Sufjan Stevens ou autres Grizzly Bear, il était même un des plus éminents représentants de ce style qui nous a valu bien du plaisir.
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