mardi 23 décembre 2008, par
The Tobin Replica
Résumons, j’avais déjà introduit le travail de Frank Riggio dans la critique de son premier album Visible In Darkness l’année dernière, et tenté de décrire son univers, de pister ses influences parmi les Cinematic Orchestra, Bonobo, DJ shadow, et bien évidemment Amon Tobin.
Si ce premier album marquait encore une certaine distance avec ce dernier, force est de constater que, cette fois, l’approche de Riggio a été de "calquer" son travail sur l’oeuvre de Tobin.
Et c’est clairement assumé... et bien fait. Déjà le titre du LP "Anamorphose" est un clin d’oeil, voir une continuation des LPs "Permutation" et "Supermodified" de Tobin. Cependant ce n’est pas que du pure mimétisme, cet album est bien nommé, écoutez-le, le son fait continuellement tourner l’imagination, à la limite du psychotrope, c’est comme un enchantement ou désenchantement, la sortie d’un rêve... c’est une BO idéale pour un film étrange, pour la white/black lodge d’un Twin Peaks, on y retrouve Badalamenti, un influence des deux messieurs d’ailleurs.
Une autre référence direct à Amon Tobin est la plage 3 d’Anamorphose "Robots Designed By Robots" où Frank riggio propose sa déclinaison du superbe sample de la BO de Basic Instinct , utilisé par Amon Tobin dans le titre Sordid sur l’album "Permutation", titre très largement dans le domaine publicitaire et du reportage. Seulement ce n’est pas comparable, le traitement de Frank Riggio est beaucoup plus actuel et du niveau de l’album Foley Room de Tobin, alors que Permutation est sorti voilà dix ans. On peut même parler d’un anniversaire concernant ce titre...
Mais encore, Platonic et Cicatrice font penser à la fin calme et très organique de l’album de 2002 Out From Out Where autour de titres comme Mighty Micro People. Mais il me semble avoir déjà eu également cette sensation sur Visible In Darkness.
Plus délicat sera de comparer Statis Vampire à Proper Hoodidge, basés tout deux sur un même sample moins explicite pour moi qu’un Basic Instinct. Là on entre dans une zone marécageuse, hommage ou pied de nez ?
Après une longue période d’écoute d’Anamorphose, c’est le doute qui s’installe, est-ce que ça vient de Tobin ou est-ce le souvenir d’une précédente écoute ? Non, bien qu’ayant souvent l’impression que des samples de Riggio soient directement tirés de la discographie de Tobin, il n’y a pas de démonstrations bien explicites, comment dire s’il a utilisé des samples de Tobin ou des samples que Tobin a utilisé ? Si l’un enregistre des lions sur Foley Room, l’autre enregistre les grognements de son Rotweiller. Si c’est bien vrai, j’applaudis, c’est magnifique.
Pour clôturer cette comparaison, je dirais que Riggio a un côté techniquement plus complexe dans sa musique comme parfois proche de la musique orchestrale moderne, avec une structure plus déliée, pour cela il suffit d’entendre le traitement sur Robots Designed By Robots. Cela est peut-être parfois en défaveur d’une émotion noire, mélancolique, plus premier degré que chez Amon Tobin où l’on retrouve souvent une ambivalence, un côté second degré accrocheur, bien sûr le poids des années et des écoutes joue en sa faveur. Sur Anamorphose, on citera Ogo qui présente cette qualité dans son riff basique et ultra-accrocheur.
On citera encore Dedra Silodar pour la puissance et l’efficacité de la technique et des beats.
Au final, on sent que c’est véritablement une épreuve de force qu’a réalisé Frank Riggio, une incroyable recherche de samples, une perfection du mixage. Quelque part, dommage pour lui que ce soit si inspiré par l’oeuvre de Tobin, car c’est très réussi. D’autre part, cela peut aider à le faire connaitre. Ensuite pour le fan de Tobin, c’est un cadeau, du bon son à glisser entre deux LP du maître. Il faut aussi se rendre compte, que Tobin ne fera plus du Tobin d’autrefois, on a déjà bien senti le virage sur Foley Room. On peut remercier Riggio pour cette reproduction du style Tobin, avec tout de même sa propre technique et un traitement plus actuel. Notons encre que, comme je le disais pour Clark, certains albums offrent une complexité qui demandent que l’on s’y accroche. C’est le cas des albums de Frank Riggio. C’est comme, de loin, un monochrome dans lequel on découvrirait pleins de détails et d’histoires en s’approchant.
Enfin ce talent nous laisse présager d’autres brillantes choses dans le futur, et c’est avec impatience que l’on attend cela.
Pour l’écoute c’est ici
www.myspace.com/frankriggio
http://www.dmute.net/interview-94_-_Frank-Riggio_-_Frank-Riggio.html
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