mardi 15 avril 2014, par
Le fournisseur
Ce n’est pas vraiment un secret de fabrication, mais souvent les découvertes sont dues au hasard. Cependant, certains distributeurs orientent fortement ce hasard. C’est le cas des Italiens de Five Roses Press, à qui je dois bien des choses partagées avec vous. Ce qui est assez remarquable, c’est la variété de ces sorties, entre l’indie roboratif de Vin Blanc White Wine et la puissance de Ventura, entre les délires psyché de Shana Falana ou la pop rêveuse des Midnight Faces, il y a de la place pour le folk nerveux de The Lonesome Southern Comfort Company ou le post-rock de Sleepmakeswaves. Et encore, ce ne sont que quelques exemples. Autre caractéristique, à quelques exceptions près (Barzin), tous ces artistes m’étaient inconnus. De la découverte, on vous dit. Les groupes du jour ont donc le point commun de provenir (pour moi) de la même source.
Peut-être est-ce Vampire Weekend qui a réveillé les ardeurs pop de jeunes groupes, peut-être est-ce Foals qui a ravivé la musique sautillante en l’empêchant d’être décérébrée. Ce n’est pas ça l’important. L’important, c’est que ces exemples ont inspiré quelques jeunes formations. Fastlane Candies chez nous, Foxhound en Italie. Ces tout jeunes (ils sont tous nés en 1992…) ont en tout cas une belle envie qui vient de se concrétiser.
Premier morceau, première secousse, avec un morceau qui remonte sans qu’on lui ait suggéré, qui lâche les chevaux, alors qu’on pensait que l’ingénieur du son s’était endormi sur ses réglages. La machine est définitivement lancée. Elle s’alimentera d’une forme mutante du dub (I Don’t Want To Run Today, le très entrainant I Just Don’t Mind), de soleil (Erase Me) et surtout de groove (Stars). Dans ce contexte fleuri, l’accent parfois (mais pas toujours, étrangement) amène de l’exotisme (That’s the Sky).
Mais cet album dégage plus de bonne humeur que d’énergie crevante. Et ils se reposent même le temps de Gasuli, lent et servi sur une nappe de violon. La séance de Fitness commence un peu mollement avant de s’agiter sur une petite guitare bien sentie.
Cet enchainement réussi de morceaux sautillants en fait par surprise un des meilleurs albums du genre. Au fil des écoutes, cette petite capsule se révèle rien moins qu’indispensable.
Cette formation-ci nous est un peu plus connue. On vous avait déjà parlé de la formation post-rock australienne dont il s’agit de la réédition d’un album antérieur. Par rapport à ce dont on vous avait parlé, le curseur a été placé radicalement vers la puissance.
Mais ce n’en est pas pour autant un déballage de testostérone puisque Sleemakeswaves mêle de façon tout à fait convaincante la claque et la caresse. Et si le premier morceau (intitulé sobrement I Will Write Peace On Your Wings And You Will Fly Over The World) part fort, il sait se calmer, poser ses arpèges sur le rivage pour mieux reprendre le large.
Avec un violon sur One Day You Will Teach Me To Let Go Of My Fears, on aime logiquement ici ce qu’on avait aimé chez Mono. C’est plus pudique ici, inutile de le signaler. Mais ils utilisent aussi la bonne vieille méthode de brouillards de guitare sur fond de martèlement de batterie (so that the children will always shout her name). Et ça marche aussi. On pense volontiers à Explosions In The Sky sur le plus lent parfois sur It’s Dark, It’s Cold, It’s Winter qui doit sans doute évoquer l’insupportable rudesse du climat hivernal australien.
Encore une fois, on ne recherche plus l’originalité dans le post-rock, mais la manifestation d’un talent qui connait ses classiques. Puissance et variété, il y a ça chez Sleepmakeswaves.
http://www.sleepmakeswaves.com/
Il y a des chansons auxquelles on ne prête pas vraiment d’existence. On les connait, on les adore même, mais jamais on ne les a fait écouter, conscients qu’on est de la part énorme de subjectivité et de souvenirs. On ne dirait donc que je ne suis pas le seul sur cette terre à me souvenir de I Love In Your Tragic Beauty des Legendary Pink dots et la seule présence de ce morceau ici est une source de plaisir. Le ton de ce morceau mélodique en diable est forcément moins différent que celui du mythique groupe anglo-batave mais il révèle à quel point il est bien écrit.
Le duo mixte new-yorkais pratique en effet un genre différent, avec force orgues et un chant féminin. Commençons par le second point, qui fâche occasionnellement puisque la voix de Liz Godoy est souvent… disons… décalé. Pour parler le langage The Voice, elle a quelques problèmes de justesse. Mais dans l’ensemble, ce n’est qu’une composante et ne vient que très occasionnellement troubler le plaisir d’écoute.
Ce mélange peut en effet beaucoup évoquer Stereolab (Bookmarks) avec l’omniprésence du Farfisa, voire Au Revoir Simone. Ils peuvent se servir de ce procédé pour être pop, direct et sans chichis (Who Killed The Electric Blanket ? – excellente question) ou au contraire sourdre une grosse mélancolie sur Vladimir ou la grosse progression d’accords mineurs d’Armistice tout en ne dédaignant pas une grosse basse un peu cold sur Sugar Coated.
Finalement, quand on s’est habitués au décalage de la voix (et même la légère fausseté parfois), il y a bien des choses à aimer ici et rien que pour l’exhumation d’un morceau très cher, on est reconnaissants au groupe.
Je vous connais, vous aimez ça, les albums brouillardeux, sensibles et discrets. Vous aimerez donc la belle décharge de mélancolie de la guitare d’I Cannot Cry, qu’on peut situer dans la foulée des artistes mêlant sensibilité et électronique. Enfin, plus plaintifs et sans doute plus ambitieux. Mais cette impression est fugace et non confirmée après cette bonne entrée en matière.
Parce que cette expressivité est utilisée autrement, de façon plus nerveuse (Clash), et le spectre qui traverse cet album est plutôt celui du jeune Muse, celui d’avant le passage du côté grotesque de la force. On retrouve la même emphase sur Naked et on se rappelle qu’on eut aimé ça puisqu’on apprécie ce morceau.
Cet étrange mélange des genres, ce passage de l’un à l’autre ne déconcerte finalement pas, et on se surprend à faire soi-même le tri entre ce qui m’amuse moins à titre personnel comme les grosses guitares d’ I Wanna Make Noise ou Untold Words et les passages plus prenants. Outre les titres mentionnés, il faut souvent attendre les secondes parties de morceaux pour qu’un chorus long en bouche vienne emporter l’adhésion (Karmadipity, The Magic Can’t Work, A Song For The Newborns To Be)
2 a.m. pratique donc un rock parfois intense comme on n’en entend plus guère. Et comme ils ont troussé un premier morceau visiblement très en phase avec son époque, on recommandera ce premier album de curiosité italienne.
https://www.facebook.com/2a.m.OfficialPage
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